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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE, #MONTMARTRE. Rues et places.
Tama river in the Musashi province

Tama river in the Musashi province

    Taï Taï, magasin-galerie du 15 rue André Del Sarte dédié à l'art et artisanat d'Asie est bien connu des amateurs qui apprécient l'harmonie du lieu, l'accueil qui leur est réservé et la diversité, l'originalité des objets et des œuvres proposés .

Depuis le 15 juin et pour quelques semaines, une exposition des 36 vues du Mont Fuji par Hokusaï attend les curieux et les amateurs.

 

Hokusaï est peut-être l'artiste japonais le plus connu en Occident.

                             (Red Fuji. Southern wind. Clear Morning)

Il y eut entre lui et les peintres français des influences manifestes. Ce que l'on a appelé le japonisme chez nous est fortement marqué par sa personnalité alors que son art était considéré comme "léger" dans son pays. Sait-on que les Européens connurent pour la première fois la"Manga d'Hokusaï par le le papier d'emballage des porcelaines!

                                      (The Fuji from Kanaya on the Tokaido)

Les célèbres 36 vues du Mont Fuji (qui sont 46 comme chacun sait!) ont été éditées pour la 1ère fois entre 1831 et 1833.

                                      (Shore of Tago Bay, Ejiri at Tokaido)

Depuis, elles n'ont cessé de fasciner par leur poésie, leur apparente simplicité qui est le tremplin idéal du rêve.

     Evidemment la "Joconde" d'Hokusaï est la célèbre "vague". Une vague immense, vivante, se dresse au-dessus des frêles embarcations. Elle dit la puissance de la nature et la fragilité des humains. Etonnante composition qui unit dans le même paysage la force mouvante des flots et celle, immuable du Fuji.

La vague sera féconde puisqu'elle inspirera l'Art Nouveau et fera l'admiration de Klimt. Comment ne pas citer un des plus beaux vitraux de Paris, place Gabriel-Kaspereit dans le 9ème arrondissement, près de l'avenue Frochot. Sur toute la façade, la fameuse vague change de couleurs avec la lumière et devient féérique lorsqu'elle est éclairée, la nuit, de l'intérieur.

                                   (Tsukada Island in the Musashi province)

Si la première édition des vues est aujourd'hui dans les musées, la qualité des différentes éditions qui se sont succédé depuis la création assurent à la série une renaissance qui ressemble à celle du phénix et permet grâce à la précision des gravures et des couleurs de distinguer les plus belles et les plus rares. 

Ainsi en est-il pour Yūyūdō 悠々洞 - Takamizawa Tadao, l'éditeur des "vues" présentées chez Taï Taï.

 

Les passionnés s'amusent à relever les légères différences d'une édition à l'autre. L'essentiel étant l'intensité des couleurs et des contrastes. Ici la fameux bleu de Prusse qu'utilisa Hokusaï pour la première fois au Japon donne à l'ensemble une cohérence, une atmosphère rares.

                                          (Sunset across the Ryogoku bridge)

Chacun aura ses préférences et je n'hésite pas à présenter mes "vues" préférées mais l'ensemble forme un tout cohérent.

                                                     (Shore of Tago Bay)

 Le Fuji éternel, témoin des agitations humaines, domine le paysage. Il rappelle l'éphémère de l'existence dans une nature qu'il importe de respecter. 

                                          (Inume pass in the Kai province)

C'est un beau moment que celui que l'on peut passer, à l'écart du bruit, devant cette édition remarquable des "vues" d'Hokusaï.

                             (Village of Sekiya at Samida river)

L'exposition vient de commencer et le Fuji a pris ses quartiers d'été 15 rue André Del Sarte! Vous avez le temps de ne pas le manquer!

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #Peintres, #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

    Après la mort de Sollers, j'ai voulu relire son Dictionnaire amoureux de Venise. Comme il y des années, alors que je ne connaissais qu'à peine la Cité des Doges, j'ai relu avec la même curiosité, voire étonnement, son attachement passionnel pour le tableau de Giorgione "La Tempête", exposé à l'Accademia.

   Sollers en parle comme d'une amoureuse que l'on voudrait n'avoir que pour soi seul. 

"Je voudrais le voler, le garder pour moi, dormir près de lui, être le seul à le voir matin et soir. Je ,voudrais survivre en lui, me dissoudre en lui, haute magie, alchimie."

Nous pouvons parler sans jeu de mots d'un "coup de foudre"!

Le tableau peint vers 1506 a provoqué beaucoup d'hypothèses et a fasciné plus d'un amoureux de la grande peinture occidentale. Il a fait l'objet de multiples interprétations avant celle de Sollers.

Voici quelques unes parmi les plus répandues.

 Le "berger" et la femme seraient Adam et Eve après avoir été chassés du Paradis protégé par ses murailles. Eve nourrirait son premier fils Caïn. L'éclair dans le ciel figurerait la colère divine. Il s'agirait alors d'une interprétation peu fréquente dont on peut trouver quelques exemples comme avec cette gravure de Nuremberg de 1493. Sur la droite Eve et ses deux enfants, Abel et Caïn, sur la gauche Adam.

      Une autre interprétation ferait du tableau une illustration d'un roman vénitien (de Colonna) qui connaissait un grand succès : "Le songe de Poliphile".

Le jeune homme est à la recherche de sa bien aimée. Il s'endort, son rêve l'entraîne à travers ruines et villes antiques à la découverte de sa bien aimée avec laquelle il part pour Cythère, l'île de Cupidon.

 Iasion et Demeter

 

  Une autre encore se réfère à l'Odyssée. Iasion tombe amoureux de Demeter avec qui il a un enfant, Ploutos. Zeus se venge de ce mortel qui a osé séduire une déesse en le foudroyant.

     N'oublions pas d'autres explications comme celle de figures allégoriques de la Force (l'homme et son bâton symbole de virilité) et la Charité (la femme donnant généreusement son lait). Cette représentation de la Charité était courante.

                                                  La Charité (Andrea Del Sarto)

    Aucune de ces interprétations n'a satisfait Sollers qui nous donne un conseil judicieux : nous asseoir devant le tableau, nous laisser envahir par lui avant d'émettre quelque hypothèse que ce soit.

"Restez simplement là, devant, taisez-vous, oubliez tout. Le tableau a lieu maintenant pour vous, pour vous seul. Il vous parle du temps par-dessus le temps. C'est sa vocation, sa grandeur, son calme."

"Sur la droite une femme aux trois quarts nue allaite un enfant, attentive, protectrice, un peu inquiète."

     "Sur la gauche, séparé de la femme par une rivière en ravin, un homme désinvolte, jeune, veste rouge, tenant un bâton plus grand que lui (...) Est-ce un père? Un fils? Un passant?

Ce bébé c'était lui dans une autre vie. Naissance d'un côté, virilité de l'autre. La culotte du jeune homme ne dissimule pas une proéminence lovée. Le bâton la souligne."

Sollers note la présence derrière le jeune homme de colonnes brisées qui seraient des tombes. Il fait du tableau une allégorie du temps et du cycle mort-renaissance.  L'homme a été le bébé. Il est passé par la mort. Il renaît, semblable et différent. "Il meurt et devient."

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

En arrière plan s'élève une ville sous l'orage. L'écrivain nous invite à regarder de plus près, à remarquer une touche blanche sur une terrasse, à nous approcher et reconnaître un héron tourné vers l'éclair, vers la tempête annoncée.

"Le musicien et libertin Giorgione s'amuse, puisque c'est là un symbole ancien de l'activité sexuelle frénétique."

Donc en arrière plan, la ville et la luxure et au premier plan, comme protégés de la tempête annoncée, une femme, un bébé et un homme, passés, présents, futurs.

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

"On est encore en été. Le temps, ensuite, fait son oeuvre de destruction, comme le prouve, du même pinceau, le tableau d'avertissement solennel qui se trouve juste à côté de la tempête : La Vecchia, "La Vieille". C'est la même femme, cinquante ou soixante ans plus tard. Même regard, même intensité traversant les siècles, mais lisez l'étiquette qui remplace l'enfant au sein : COL TEMPO, "avec le temps". Une autre femme, la même, jeune et tranquille est déjà en train de reprendre le rôle dans les bosquets. Et ainsi de suite."

"L'homme, lui, le peintre, s'est éclipsé, mais il va revenir, toujours au même âge."

J'aime cette affirmation parce qu'elle dit au fond à quel point l'art permet de conjurer la mort. En effet Giorgione se serait représenté lui-même dans ce beau jeune homme en habit vénitien. Nous savons qu'il est mort en 1510, à 32 ans lors d'une épidémie de peste.

Nous le voyons aujourd'hui, toujours jeune, beau, énigmatique à gauche de cette "tempête". Orage des passions, violence du temps qui passe sans pitié. Eternité temporaire des créations humaines. Il est là devant nous, il est passé par la peste, par la mort, il est vivant.

Giorgione. La tempête. Accademia. Philippe Sollers.

Pour Sollers ce mystérieux tableau n'est rien moins qu'une image de la condition humaine. "Il est d'un temps nouveau : le plus que présent permanent."

Libre à nous d'adhérer ou non à son analyse. Libre à nous de nous asseoir devant La Tempête et de nous laisser happer par ce paysage, par sa poésie, par son mystère.

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Peintres et étude précise de certains tableaux

Peintres artistes célébrités de Montmartre

                                                      Garçon à la flèche (Giorgione)

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Publié le par chriswac
Publié dans : #Peintres, #VOYAGES...
Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

La Ca d'oro, la "maison d'or" est un des plus beaux hôtels particuliers de Venise.

Sa façade gothique de marbre blanc se contemple dans les eaux vertes du Grand Canal. Certains de ses éléments décoratifs étaient recouverts de feuilles d'or, aujourd'hui disparues.

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

    Elle abrite quelques oeuvres immenses que l'on a le temps de regarder sans être gêné par les visiteurs.

C'est une particularité de Venise : une foule bruyante, accompagnée d'enfants aux voix aigües, des groupes serrés derrière un guide qui brandit un petit drapeau, des dévoreurs de crèmes glacées, des touristes quoi, dont nous faisons partie, et puis, passée la porte des musées et des églises, fraîcheur, silence, recueillement...

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

La Ca d'Oro en ce printemps 2023 poursuit d'importants travaux qui interdisent l'accès au 1er étage, mais peu importe, c'est au 2ème que Saint Sébastien nous attend.

Le martyre de Saint Sébastien de Mantegna à la Ca d'Oro

    Après la mort de Sollers, j'ai voulu revoir Venise avec son "dictionnaire amoureux".

Il m'a souvent irrité, notamment quand il se mêle de donner son avis péremptoire sur les peintres exposés à la Fondation Guggenheim et quand il juge "pathétique ou à mourir de rire" ce coin de jardin où Peggy Guggenheim a voulu être enterrée avec tous les chiens de sa vie.

Mais quand il parle de Tintoret, de Carpaccio ou de Mantegna, il capte de toute ses cellules la vibration de leur génie. Aussi je ne peux m'empêcher de citer ce qu'il écrit de ce Saint Sébastien.

"C'est un énorme chef d'oeuvre. Le corps torsadé du saint, les mains liées derrière le dos, s'enlève, criblé de flèches venant de tous les côtés. Il y en a au moins dix-sept, on les entend vibrer et entrer dans les chairs, elles construisent le tableau comme une cage ouverte.

 

L'oeuvre est puisamment autobiographiqe et fantasmatique. Impossible de ne pas être atteint par son intensité masochistement érotique.

Ce tableau est tellement déplacé dans l'atmosphère peu sanglante de Venise qu'il rafle la mise pendant un instant d'abîme. Un instant qui dure, puisque le martyre à l'arc est sans arrêt relancé. Supplice dans une maison d'or : un comble.

Mantegna, toujours en plein dans la cible, a peint une des plus belles Résurrections qui soient."

  Sollers a ressenti le mystère sacré de ce martyr,  cet homme torturé qui ne meurt pas. On ne représente jamais Saint Sébastien mort. Il vit par son martyre. Il reste debout, tourné dans un mouvement puissant vers le ciel. Phénix renaissant de ses cendres, il renaît de ses flèches.

     Regardons son visage. un oeil est presque fermé, presque mort, l'autre est grand ouvert et regarde vers la lumière. La bouche à moitié ouverte se crispe mais une esquisse une prière.

La chevelure est parcourue par le vent qui vient de la droite, du côté de l'oeil ouvert. Côté de la vie, de l'Esprit.

Mishima photographié en Saint Sebastien

Mishima photographié en Saint Sebastien

    Sollers évoque Mishima qui fut fasciné par l'image de Saint Sébastien dont l'érotisme a fait une icône gay. Mais c'est le Sébastien de Guido Reni qui attirait l'écrivain. Un Sébastien moins violent, presque féminin, le visage apaisé, le corps touché plus que traversé par quelques flèche, le pagne se défaisant sur le pubis.

 

Rien de tel chez Mantegna. Sébastien criblé de flèches est puissant comme un atlante. Son visage qui n'a rien de "joli" est travaillé par la souffrance et par l'aspiration vers la libération et l'envol.

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album
Album photos mai 2023 à Montmartre.

Ier mai. Cherchez Loulou entre le muguet et Bouddha!

Album photos mai 2023 à Montmartre.

2 mai. Chienne de vie! (square Nadar).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

3 mai. Le môme aux pigeons. (Square Louise Michel).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

4 mai. Les mariés en contre jour. (Rue du Chevalier de La Barre).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

5 mai. Joueur de oud. (Place du Calvaire)

Album photos mai 2023 à Montmartre.

6 mai. Têtes de pierre, tête de chair. Café rue du Mont-Cenis.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

7 mai. Les 2CV à l'assaut de la Butte (rue Chevalier de La Barre)

Album photos mai 2023 à Montmartre.

8 mai. Artiste place du Calvaire. Le Cri.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

9 mai. Soleil sur l'Elysée Montmartre. (bd de Rochechouart).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

10 mai. D'accord mais en douceur! (Place du Calvaire).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

11 mai. La pluie des glycines. (Square de la Turlure, Bleustein-Blanchet).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

12 mai. Moment de trêve. Allée des Brouillards.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

13 mai. Enfin du soleil sur la Butte! 

Album photos mai 2023 à Montmartre.

14 mai. Attente; Rue du Mont-Cenis.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

15 mai. Solitude du peintre; Place du Tertre.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

16 mai. L'enfant aux pigeons. Place Jean Marais.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

17 mai. Ressemblance. Rue du Cardinal Dubois.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

18 mai. les iris jaunes de l'Ascension.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

19 mai. Attente inquiète. viendra-t-elle devant le mur des "Je t'aime"? (Square Rictus)

Album photos mai 2023 à Montmartre.

20 mai. Chez Bachir, les glaces libanaises. Rue Tardieu.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

21 mai. Et mes cheveux, tu les aimes mes cheveux? (Square Louise Michel).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

22 mai. Saison des amours (Square Louise Michel)

Album photos mai 2023 à Montmartre.

23 mai. Car la vie est un manège. (Carrousel du square louise Michel).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

24 mai. Madame Corneille dans son arbre perchée.... ne tient pas en son bec, un fromage... (Boulevard Marguerite de Rochechouart).

Album photos mai 2023 à Montmartre.

25 mai. Mythe de Sisyphe version moderne!

Album photos mai 2023 à Montmartre.

26 mai. Nez à museau. Un sourire qui fait briller le soleil.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

27 mai. T'as d'belles lunettes tu sais!

Album photos mai 2023 à Montmartre.

28 mai. "Qu'il est bleu le ciel et grand l'espoir".

Album photos mai 2023 à Montmartre.

29 mai. Paris et le désir de s'envoler au-dessus des toits. 

Album photos mai 2023 à Montmartre.

30 mai. La vie en rose.

Album photos mai 2023 à Montmartre.

31 mai. L'enfant aux nymphéas, jardin Renoir rue Cortot.

Mai s'achève en beauté. Le mois où l'on fait ce qu'il nous plaît (paraît-il!).

Je publie l'album alors que je suis à Venise après des années d'interruption COVID. Et je trouve que cette photo du violoniste de la rue des Saules, jouant Vivaldi, est la transition idéale entre Montmartre et la ville du Moine Roux.

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Albums photos mois après mois

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Exposition à la Commanderie. Peinture et poésie. 21ème salon des Artistes Lepic-Abbesses.

Voilà que j'arrive une fois de plus après la bataille! L'exposition de peinture à la Commanderie est terminée depuis une semaine.

Le 21ème salon des Artistes Lepic-Abbesses a fermé ses portes le 7 mai!

 

    Cette expo est pourtant ce qui correspond le mieux à l'esprit du Montmartre que nous aimons, celui des rêveurs, des artistes.

Modeste, vivante, talentueuse... elle réunit des peintres qui aiment partager les couleurs de leurs rêves.

 

   Leur professeur, Christian Mangin, peintre lui-même les guide dans leur apprentissage.  Il n'a pas la grosse tête et son abord est chaleureux.

   J'ai choisi dans cet article quelques oeuvres exposées à la Commanderie et j'ai dû à regret écarter celles qui étaient encadrées sous verre. Mon appareil photo ne supportant pas les reflets et les irisations qui mangent dessins et couleurs.

Gabriel Froget

Gabriel Froget

   J'ai donc retenu quelques toiles qui m'ont aussitôt plu. Si j'excepte Gabriel Froget dont j'ai parlé récemment, ce sont des toiles peintes par des femmes. Moi qui aime tant Valadon, je reconnais que ça m'a fait plaisir, cette année où de grandes expositions redécouvrent la fécondité et l'originalité des femmes injustement négligées (Eva Anna Bergmann au MAM, Françoise Petrovitch au musée de la Vie Romantique, les femmes surréalistes au musée de Montmartre....)

 

     Dès l'entrée dans l'octogone néo Renaissance de la Commanderie, c'est le rouge qui attire mon regard. Et si le poète Alain Duault parle de "rouge comme un chat", voulant dire que le chat est si particulier, si beau, si étrange qu'il attire le regard comme le fait la couleur rouge,  avec Alice Sauvages, nous pourrions dire "rouge comme un ibis".

Exposition à la Commanderie. Peinture et poésie. 21ème salon des Artistes Lepic-Abbesses.

L'oiseau rouge s'impose, sur un carrelage bleu près d'une baignoire d'angle qui s'emplit non pas d'eau mais de feuilles vertes. La pièce s'ouvre sur la nature, sur les herbes folles et les fleurs qui tournent comme des moulins à vents. Atmosphère onirique, traversée du miroir bien naturelle quand on s'appelle Alice... et... Sauvages

 

D'Alice Sauvages encore cette "poupée" seule et fragile devant un vase au décor de tiges-tentacules, tandis que derrière la fragile protection de la verrière passe un oiseau armé d'un bec menaçant. Une scène comme un rêve que l'on livrerait à son analyste. 

 

D'elle enfin ces nuages qui se referment sur le soleil. Ce ne sont pas "les merveilleux nuages" de Baudelaire mais ceux qui font naître la nuit. Il faut vite profiter du dernier soleil qui va toucher l'horizon.

 

     C'est une autre artiste, Stéphanie Mc Corry qui a peint cette "orque". Curieusement, le tableau fait écho à la poupée rousse et à l'oiseau qui vole contre les vitres d'Alice Sauvages. Ici la fillette, protégée par la serre de verre, regarde sans peur l'animal qui semble sourire et prend des allures de dauphin alors qu'il est un un super prédateur, appelé par les Anglais "baleine tueuse". La fillette se sent à l'abri, elle ne craint pas ce "dauphin". Abri illusoire? Rencontre redoutée et espérée peut-être avec l'inconnu? Virginité menacée? Libre à vous de libérer votre imagination devant cette belle toile!

 

     Toujours de Stéphanie Mc Corry "La fête est finie". La jeune fille, une flûte à la main est lasse et pensive sur les divans qui ressemblent à des algues. La boule scintillante qui tournait au plafond est tombée. Des méduses flottent dans leur aquarium. Quelques serpentins survivent sur le sol. Une scène qui, une nouvelle fois, laisse libre cours à notre imagination. Quand peinture et poésie sont indissociables...

"Le Lecteur". Le garçon est happé par sa lecture mieux que par un écran. L'univers des contes et des aventures prend vie autour de lui, avec lui. Il s'envole avec la fusée  qu'il chevauche vers les galaxies. C'est "L'enfant et les sortilèges" mais apaisé, sans la violence du conte de Colette!

 

 

 

Deux toiles encore de Stéphanie Mc Corry. "La Cité des artistes", la nuit, sous un éclairage de réverbères qui fait briller les pavés. Paysage urbain qui sans artifices, sans trucages, transmet poésie et vague inquiétude.

"Batiment B" est lui sous un grand ciel bleu, précis, frappé par la lumière. En général à Paris, les bâtiments qui ne sont pas en façade se gagnent en passant des cours sinistre. Ici il revendique fièrement sa lettre B! Le soleil lui donne sa beauté et son assurance.

Exposition à la Commanderie. Peinture et poésie. 21ème salon des Artistes Lepic-Abbesses.

Avec Claude Vigneau nous découvrons des paysages apparemment plus classiques. Mais c'est oublier dans "Invararay" le ciel tourmenté et son miroir sur lequel le bateau rouge à côte du voilier noir flotte comme flottent les drapeaux.

Et que dire de ce paysage bucolique "Higland cattle" qui rappelle à la fois l'art que l'on dit à tort "naïf" de Rousseau et celui, atttentif et lumineux de Rosa Bonheur.

                                  Place Dullin. Théâtre de l'Atelier

Je ne résiste pas au plaisir de proposer deux toiles qui ne font pas partie de l'expo. Elles sont de Claude Vigneau et montrent notre Montmartre, comme le faisait Utrillo, avec fidélité et aussi, comme lui, sensibilité et poésie.

                                                    Rue Norvins

 

     Pour terminer en musique, un dernier tableau de Brigitte Galinon : l'Opéra Garnier avec un relief, une lumière, un charme qui nous font regretter de ne pas voir plus de toiles de cette artiste.

 

    Une belle découverte pour moi que ces peintres de grand talent et cet atelier dirigé par Christian Mangin. J'espère que l'année prochaine je serai plus attentif et présenterai dès le premier jour le 22ème salon des Artistes Lepic-Abbesses!

Je pense, en voyant ces toiles à ce qu'écrivait Janson :

"Il ne faut pas peindre ce qu'on voit, il faut peindre ce qu'on sent. La ligne du dessin doit toujours être un peu la ligne du coeur  .. prolongée."

Liens ;

Montmartre, les peintres les artistes.

                                               Claude Vigneau

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE, #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

Sarah Bernhardt avait un tigre, couleur noir et or...

Il montait la garde dans son hôtel particulier et impressionnait les visiteurs...

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

     La diva avait une passion pour les fauves et les félins, à la manière de son époque où rares étaient ceux qui se préoccupaient de la souffrance animale. N'est pas Louise Michel qui veut!

 

     Elle posséda, à certaines périodes de sa vie, une arche de Noé composée de caméléons, de singes, de pumas, de crocodiles.

Animaux dont elle se défaisait dès qu'ils devenaient encombrants.

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

      Elle acheta même à Mr Cross un lionceau qu'elle exposa dans une cage dans son hôtel. Au bout d'une semaine la puanteur était telle que le lionceau fut renvoyé à son vendeur.

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

Et son tigre? 

     Eh bien il entra chez elle et y resta des années malgré sa belle taille : 88 cm de haut, 1 m35 de long.

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

     Son âge exact, nul ne le sait vraiment. Il a vu le jour entre le début du XVIIIème siècle et la première moitié du XIXème, au Japon, pendant l'époque Edo.

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

   Il a été acheté par Siegfried Bing, célèbre vendeur d'art japonais qui participa à la mode japonisante dans la création française. Sarah en fit l'acquisition dans son magasin de la rue Chauchat "Fantaisies Japonaises" où il était exposé et faisait l'admiration de tous les amateurs.

Il lui en coûta 6000 francs, environ 25000 euros! 

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

     Il est exceptionnel et mérite bien ce prix! De laque et d'or, il semble avoir été surpris et, queue dressée, se mettre en position d'attaque, les yeux (de verre) exorbités. 

Réaliste et fantastique à la fois, il impressionne et fascine….

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

     La patte avant droite porte une encoche qui laisse penser que manque une partie de la sculpture. Peut-être une proie maintenue au sol...

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

     Il se sentait bien chez Sarah, ne dérangeait personne, n'avait d'odeur que celle de l'encens qu'on faisait brûler devant lui...

Bref, il jouait son rôle décoratif à merveille jusqu'au jour où...

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

     Nous sommes en 1895, Sarah joue dans une pièce de Victorien Sardou, "Théodora". Elle connaît toujours le succès mais ses dépenses folles menacent son équilibre financier.

   Il faut trouver au plus vite de quoi apaiser les créanciers dont la meute ne recule pas devant la gueule menaçante du tigre.

 

     Si l'on en croit Edmond de Goncourt, elle écrit à Cernuschi pour lui proposer d'acquérir l'animal :

" Je suis pauvre comme mon aïeul Job. Voulez-vous m'acheter 3000 francs un tigre que j'ai payé 6000 francs chez Bing? … Mais j'ai besoin d'argent tout de suite… Je m'adresse à vous, parce que mon tigre est superbe et japonais."

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

    Et voilà comment , bradé à la moitié de sa valeur, le magnifique félin rejoint la collection Cernuschi.

    Il y est à l'honneur mais il garde quelque chose du prestige de son ancienne maîtresse car dans sa vitrine, son curriculum vitae rappelle qu'il fut "LE TIGRE DE SARAH BERNHARDT".

 

Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.
Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.Le tigre de Sarah Bernhardt. Cernuschi.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #album
Album photos Montmartre . Avril 2023.

1er avril. Un poisson pour Loulou.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

2 avril. La meilleure tenue pour visiter Montmartre incognito

Album photos Montmartre . Avril 2023.

3 avril. "Oui mais il parle aux oiseaux". Boulevard Marguerite de Rochechouart.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

4 avril. La chevauchée fantastique. Carrousel du square louise Michel.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

5 avril. Un trio original. Boulevard de Clichy.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

6 avril. La curiosité du mannequin. Boulevard Marguerite de Rochechouart.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

7 avril. Le printemps des arènes de Montartre.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

8 avril. Fenêtre rue Nodier.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

9 avril. Dalida! Au secours MeToo!

Album photos Montmartre . Avril 2023.

10 avril. Naïve jeunesse...

Album photos Montmartre . Avril 2023.

11 avril. Futurs champions à l'entraînement rue Chaptal

Album photos Montmartre . Avril 2023.

12 avril. Princesse mélancolique sur le carrousel du square Louise Michel.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

13 AVRIL. La chatte libre de la place du Calvaire. Superbement ignorante de la foule des touristes!

Album photos Montmartre . Avril 2023.

14 avril. Balade en amoureux, rue du Mont Cenis.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

15 avril. Les yeux fermés. Place du Calvaire. La mal nommée!

Album photos Montmartre . Avril 2023.

16 avril. La rue Poulbot avant l'orage.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

17 avril. Maupassant serait-il soporifique?

Album photos Montmartre . Avril 2023.

18 avril. Le hula hoop redevient à la mode! Rue du Chevalier de la Barre.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

19 avril. Si la pluie fait sortir les escargots, le soleil sur la Butte fait sortir les amoureux! (Square Louise Michel)

Album photos Montmartre . Avril 2023.

20 avril. Au péril de la vie! (Rue Cardinal Guibert)

Album photos Montmartre . Avril 2023.

21 avril. Enlever une poussière dans l'oeil de son compagnon.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

22 avril. Déclaration d'amour place du Calvaire.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

23 avril. Petit museau doit être propre! (Square Nadar)

Album photos Montmartre . Avril 2023.

24 avril. Après l'averse. Le pigeon dans l'arc en ciel. (Rue Feutrier).

Album photos Montmartre . Avril 2023.

25 avril. Le mangeur de glace égoïste!

Album photos Montmartre . Avril 2023.

26 avril. Les chanteurs rue du Calvaire. Ou le réveil du serpent.

Album photos Montmartre . Avril 2023.

27 avril. On promène les bébés. (Place Saint-Pierre.)

Album photos Montmartre . Avril 2023.

28 avril. De l'intérêt des 2 CV décapotables! (Rue Cardinal Dubois).

Album photos Montmartre . Avril 2023.

29 avril. Sur les pavés la plage! (rue du Chevalier de La Barre).

Album photos Montmartre . Avril 2023.

30 avril. Repos du koala! (Square Saint-Pierre).

Et maintenant voici le mois de mai "le joli mai d'Apollinaire". "Mars et Vénus sont revenus....Et sous les roses qui feuillolent.... De beaux dieux roses dansent nus."

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

 

  Pour la 2ème année la Commanderie accueille un peintre que nous avions découvert l'an dernier et qui nous avait impressionné par la précision de sa touche et l'ampleur de son imagination. 

Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

La première toile qui attire notre regard et nous invite au silence et au voyage semble droit venue du romantisme allemand par son étrangeté et sa poésie. 

"La vie ne vient pas à nous".

Ce qui frappe tout d'abord c'est l'atmosphère de la toile. Celle d'un rêve ou d'un cauchemar avec ces trouées de lumière dans un ciel de plomb. Les couleurs, la précision, la composition nous disent que nous sommes en présence d'un peintre qui a sans doute été, comme tous les artistes en devenir, à l'école de grands devanciers, mais qui a dépassé le stade de l'imitation. 

Libre à nous d'interpréter cette vision. Devons-nous, à la seule force de la volonté, naviguer sur une eau épaisse et nocturne pour accoster enfin sur une île où grandit l'arbre de vie et où une possible rencontre nous attend?

Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

   Mêmes teintes de gris et de miroir dans ce paysage romantique de montagnes, de lac, de château qui se confond avec les roches. "Peu de choses en somme". Tel est le titre de cet immense panorama sans autre trace d'humanité que ce château déserté. Mais en y regardant de plus près, on distingue une petite silhouette en marche. Peu de chose mais pourtant un vivant qui chemine dans l'implacable immensité du paysage.

Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

     Retour de la couleur et du ciel avec cette grande toile "D'une relation compliquée". On pense bien sûr au Petit Prince et au lent apprivoisement nécessaire pour devenir amis et solidaires. Pourquoi ce titre? S'agit-il de la relation de l'homme avec la nature? Cette nature qui est là, éclatante, quand les monuments construits par l'homme sont en ruines? Quand l'homme fier de sa force combat les animaux sauvages?

Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

C'est cette vision qui apparaît dans le ciel d'azur. Une vision qui semble appartenir à un autre monde que celui de l'enfant et du renard. J'aurais tendance à récupérer cette allégorie pour y voir l'espoir d'un monde réconcilié avec la nature tandis que subsiste, menaçant et prêt à repartir en guerre,  le désir qui se croit viril de dominer et détruire. 

 

Un arbre dont les feuilles attestent qu'il n'est pas mort, au bord d'un monde englouti où quelques sommets émergent des brumes...

C'est ce tableau que le peintre a choisi pour l'affiche de son exposition

                                                    "Ils étaient là".

Un tissu rouge est resté accroché à l'arbre, seule trace d'un moment heureux peut-être, d'une rencontre...  Dérisoire souvenir, comme le sont les ruines, de la vie qui se croyait immortelle. Voilà un tableau qui illustrerait les poèmes de Supervielle. 

C'est beau "D'avoir senti la vie, Hâtive et mal aimée, Et de l'avoir enfermée, Dans cette poésie".

Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

                                 "La fin du cycle".

Magnifique toile, symphonie d'ombres et de lumières, d'éléments qui sont ceux d'une genèse où tout sera possible. Violence et fragilité, et toujours, perdue dans l'immensité, une silhouette, seule, témoin de la fin du monde et du renouveau. Toile romantique s'il en est. J'aime cet arbre tombé au dessus du gouffre et qui, s'il va mourir, va également permettre le passage d'une rive à l'autre.

Gabriel Froget exposition de peintures  à la Commanderie du Clos Montmartre.

D'autres toiles, si elles montrent la même maîtrise technique, se rapprochent du surréalisme. La sphère mystérieuse comme la pierre noire de 2001 de Kubrick, se déplace dans un monde minéral où les ruines elles mêmes sont falaises.

L'arbre si présent dans l'univers du peintre se tient debout comme une sentinelle. On ne sait quelle promesse de vie tient dans l'astre solitaire qui passe dans cet univers pétrifié comme passait la mince silhouette de "Peu de choses en somme" et comme était en attente celle  de "La vie ne vient pas à nous".  

Quelques dessins sont exposés dont celui que je préfère (je ne cherche pas à être objectif!)

                                                           Attente

L'exposition de Gabriel Froget se termine le 29 avril et je regrette d'avoir été absent et de n'avoir pu en rendre compte plus tôt.

Mais ce n'est que partie remise car je suis intimement persuadé que ce peintre ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Son art maîtrisé va s'incarner dans des œuvres qui ne seront qu'à lui. Les influences s'estomperont pour laisser place au monde qui est le sien où lumières et ombres s'affrontent et où l'on sent la solitude et l'inquiétude combattues par un désir puissant de vie et de rencontre.

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Apparemment il aurait existé une place Ravignan à Montmartre si l'on en croit les clichés et cartes postales que l'on retrouve en abondance.

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Et, mystère montmartrois, il en aurait existé non pas UNE mais DEUX! 

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

      La première aurait été la continuation de la rue Ravignan qui après quelques marches s'élargit devant le Bateau-Lavoir avant de reprendre son cours jusqu'à sa jonction avec la rue Gabrielle.

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.
 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Elle faisait partie en réalité de la RUE Ravignan qui s'élargit sur une quarantaine de mètres après les quelques marches. Elle n'a jamais porté officiellement le nom de place, n'en déplaise aux nombreux clichés qui la présentent sous ce nom. Utrillo qui comme l'on sait, peignait souvent en reproduisant des cartes postales, a lui aussi appelé "place Ravignan" certaines de ses œuvres.

                                                        Place Ravignan (Utrillo)

    Ce qui est certain c'est que dès 1911, elle est détachée de la rue Ravignan pour devenir la place Emile Goudeau. Il n'empêche que de nombreux Montmartrois ont continué de lui donner un nom qu'elle n'avait jamais porté.

 

La rue Ravignan dépossédée de cet espace arboré continue son chemin vers les hauteurs comme une rivière qui disparaît soudain en s'enfonçant sous terre pour rejaillir, plus vigoureuse encore un peu plus loin. 

Rue Ravignan après la place Emile Goudeau (à droite rue Berthe, à gauche rue d'Orchampt)

 

          C'est au niveau de la rue Berthe que s'accomplit cette résurgence.

    Mais elle ignore notre chère rue Ravignan qu'elle va de nouveau être amputée, un peu plus loin, un peu plus haut. Cette nouvelle spoliation se fera à sa rencontre avec la rue Gabrielle.

C'est en effet à cet endroit qu'elle finit aujourd'hui sa course, rencontrant le petit immeuble où Picasso eut un atelier et où mourut son ami Casagemas.

 

   Naguère, la rue Ravignan ne s'arrêtait pas en si bon chemin, elle tournait quasiment à angle droit et poursuivait plein nord jusqu'à la rue Norvins. Seul son côté pair était bâti, du numéro 22bis au numéro 34. L'autre côté donnant sur un terrain devenu vague et inconstructible depuis que la guinguette "La Tour de Montmartre" avait été engloutie par un fontis.

Ancienne rue Ravignan devenue un des côtés de la place Clément.

Ancienne rue Ravignan devenue un des côtés de la place Clément.

La rue Ravignan arrivant rue Norvins. La boulangerie devenue bazar.

La rue Ravignan arrivant rue Norvins. La boulangerie devenue bazar.

Quelques vieilles maisons qui ont connu le temps où elles étaient rue Ravignan!

Quelques vieilles maisons qui ont connu le temps où elles étaient rue Ravignan!

Avant la création de la place Clément. On voit que l'endroit était appelé "Place Ravignan" et parfois "rue Ravignan".

Avant la création de la place Clément. On voit que l'endroit était appelé "Place Ravignan" et parfois "rue Ravignan".

  Exit la rue Ravignan et ses derniers numéros (transformés en numéros 2 à 12) lorsque fut créée par un décret de décembre 1905 (effectif en 1906) la place Jean Baptiste Clément.

sur la droite la rue Ravignan, sur la gauche la rue Feuchère et au fond la rue Lepic.

sur la droite la rue Ravignan, sur la gauche la rue Feuchère et au fond la rue Lepic.

Cette place est un triangle dont le côté nord est la partie extrême de la rue Lepic dont les numéros 97 à 101 sont devenus les numéros 7 à 11 de la place

                                     Arrière plan, la rue Lepic et le Réservoir.

 Le côté ouest était formé par une vieille rue, trop courte pour subsister, qui allait de la rue Ravignan à la rue Lepic. 

Il s'agit de la rue Feuchère dont les numéros 1 à 3 subsistèrent, augmentés d'un 5, sur la nouvelle place. 

Ancienne rue Feuchère (aujourd'hui place J.B. Clément)

Souvenons-nous un instant de cette modeste rue du haut Montmartre qui honorait le sculpteur Jean-Jacques Feuchère (1807-1852).

                    La rue Feuchère à gauche (un des rares clichés où elle est mentionnée)

Beaucoup de rues de Montmartre rendent hommage à des sculpteurs ou des graveurs, à commencer par Pigalle en passant par Pilon, Houdon, Coustou, Androuet, Girardon etc...

Jean-Jacques Feuchère malgré sa courte vie fut très sollicité et nous passons souvent à Paris devant ses sculptures ou bas reliefs en ignorant leur auteur...

Le cavalie arabe au pont d'Iéna (Feuchère)

Le cavalie arabe au pont d'Iéna (Feuchère)

   

Le passage du pont d'Iéna sur l'Arc de Triomphe (Feuchère)

 La liste serait trop longue mais contentons nous de mentionner son Bossuet de la Fontaine Saint-Sulpice, son cavalier arabe du pont d'Iéna, sa prise du pont d'Iéna de l'Arc de Triomphe, sa "Loi" place du Palais Bourbon, ses statues de la fontaine nord de la place de la Concorde...

 

Et voilà! Cette place Ravignan, comme celle située plus bas, N'A DONC JAMAIS EU D'EXISTENCE OFFICIELLE sinon dans la langue montmartroise qui donnait à ce terrain vierge le nom de la rue qui le bordait, le vieux chemin qui depuis des temps anciens montait, en courbes capricieuses jusqu'au cœur du village

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Notre enquête s'achève sur ce constat qui évitera peut-être des recherches aux collectionneurs de cartes anciennes, dont certains sont des amis. 

                           Place Jean Baptiste Clément (Utrillo)

Nous quittons ce lieu haut perché avec notre Jean Baptiste (sans trait d'union, comme il le voulait pour se différencier de son père Jean-Baptiste Clément), communard, homme au grand cœur, Montmartrois d'âme et de corps puisqu'il eut non moins que 12 adresses sur la Butte, poète bien sûr. Une place où les merles moqueurs s'en donnent à bec joie et où nous revient sur les lèvres la chanson si souvent chantée par nos anciens, chanson qui évoque le printemps éphémère et la couleur des cerises, couleur de la  vie et du sang

Place Jean Baptiste Clément (Utrillo)

Place Jean Baptiste Clément (Utrillo)

 

J’aimerai toujours le temps des cerises:
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte!
Et dame Fortune, en m’étant offerte,
Ne pourra jamais fermer ma douleur…
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur!

 La place Ravignan.  La rue Feuchère. Enquête sur une place mystérieuse et une rue disparue.

Un grand merci à Pierre, ancien poulbot de la rue Lepic, d'avoir aiguillonné ma curiosité et de m'avoir transformé en enquêteur occasionnel!

Liens

Rues et places de Montmartre

Peintres, artistes, célébrités de Montmartre.

 

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Publié le par chriswac
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Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

   Une belle rencontre avec une peintre rare, Françoise Pétrovitch, au musée de la Vie Romantique.

Le musée lui a donné carte blanche pour présenter ses œuvres...  

Le visiteur a ainsi l'impression d'être accueilli dans l'univers de l'artiste, comme dans sa maison. 

La première toile "dans mes mains" représente une adolescente, tenant tendrement un chien.  "C'est rose et ce n'est pas mièvre, c'est une adolescente d'aujourdhui, c'est une jeune fille vive et attentionnée."

Nous descendons dans la grande salle en sous-sol sous l'atelier d'Ary Scheffer. Ce qui frappe immédiatement c'est la paix, l'harmonie...

Nous  sommes invités à entrer dans les paysages mouillés, entre rêve et réalité. Ils sont des îles étranges, à la fois inquiétantes et en apesanteur. 

 

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Les plus beaux panneaux reprennent le thème du corps porté, soutenu par les bras de celui ou celle dont on ne voit pas le visage.

Les yeux sont fermés. Evanouissement ou mort? Corps sauvé ou cadavre déjà? C'est nous qui décidons, qui interprétons ces scènes puissantes. 

Le lavis laisse des traces sur les corps, comme des blessures, comme du sang. Mais ces mains qui se referment sur la lourdeur du corps sont le lien puissant qui unit les êtres. Ce lien qui porte secours et qui tente de remettre debout ceux qui sont tombés.

 

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Nous retrouvons ce thème dans la vaste salle qui servait d'atelier à Ary Scheffer. Cette fois les mains sont comme éclairées, vivantes, sur le cœur de celui qui est tenu, comme si la vie se réfugiait là et continuait de battre.

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Trois toiles formant triptyque représentent des adolescents. Les jeunes apparaissent souvent dans l'œuvre de Françoise Pétrovitch.

C'est l'âge des possibles, la période où l'on est pris entre le désir de rencontre et celui de solitude et de repli.

 Sur la gauche, deux jeune avancent les yeux ouverts contrairement à ceux qui figurent sur la plupart des autres toiles. L'une semble regarder vers le sol, l'autre regarder vers l'avant. Ils sont ensemble et seuls. Ce qu'ils ont en commun c'est la cigarette qui se consume.

Au centre, une des plus belles compositions de l'exposition, les jeunes sont deux encore, yeux clos. La fille semble parler. Le garçon tête baissée, les mains repliées dans les poches de son blouson reste silencieux. Rupture? Explication? Deux mondes séparés.

Sur la droite le garçon est seul. Sa cigarette est éteinte. Il est perdu dans ses pensées. Il est l'écho d'une autre solitude rencontrée dans la salle en sous-sol. Une jeune fille dans un monde qui se liquéfie autour d'elle.

 

Des toiles de plus petit format couvrent le mur sous les verrières. Les mains de la jeune fille entourent comme un nid l'oiseau fragile . Lèvres et ongles rouges ont les couleurs de la vie autour de l'animal fragile, couvert de bleus.

 

Les mains encore, toujours présentes, mains ouvertes pour donner ou recevoir... 

Mains qui se détachent, mains blessées, mains qui cherchent à se rejoindre encore...

Rare scène de tendresse. Mais les visages qui s'abandonnent expriment une grande tristesse. Une douleur, une douceur. Un deuil peut-être. Mère et fille, amie et amie, bleu et rouge et vert... mains que l'on devine réunies, serrées.

Main qui reçoit un oursin d'étoile bleue. Une blessure? Une promesse? 

Un des rares tableaux où les yeux ne sont pas fermés mais à la fois ouverts et aveugles. Les paupières ont-elles été inconscientes, en se levant, du danger d'abolir la frontière entre l'intérieur et le monde. Ne reste que le masque bleu, lèvres closes.

 

Il faut lever les yeux pour voir cette toile. C'est la seule de toute l'expo qui nous demande de regarder vers le haut. Vers l'espoirI

 

Il s'agit d'une jeune fille aux ongles jaunes, abritant la flamme de son briquet. Elle a été peinte le jour de l'invasion de l'Ukraine. Le visage frappé par la lumière est celui de la jeunesse, de l'avenir.

Exposition Françoise Pétrovitch. Musée de la Vie romantique.

Il faut quitter l'atelier pour rejoindre la maison d'Ary Scheffer qui abrite le musée de la Vie Romantique dans ce quartier de la Nouvelle Athènes où vécurent tant d'artistes du XIXème siècle.

 

Et tout d'abord George Sand qui vivait non loin de là avec Chopin. Hommage lui est rendu avec cette femme moderne qui fait penser à Jeanne Moreau et qui fume comme on revendique sa liberté, comme Sand fumait le cigare et portait le pantalon.

 

 

L'expo se termine avec cette rencontre d'une femme peintre et d'une écrivaine, libres toutes deux, engagées dans leur art et dans le partage.

 

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