Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre peintres.artistes.clebrites

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres
Gustave Moreau. Exposition Le Moyen Âge Retrouvé. Musée-maison rue Catherine de La Rochefoucauld.

Comment le fou de Moreau que je suis a-t-il pu ignorer si longtemps cette exposition qui prendra fin dans moins de trois semaines?

Gustave Moreau. Exposition Le Moyen Âge Retrouvé. Musée-maison rue Catherine de La Rochefoucauld.

    Difficile à expliquer. Peut-être parce que je n'avais pas du tout aimé la dernière sur l'illustration des Fables de la Fontaine avec ses panneaux trop hauts qui cachaient les les toiles du musée.

La maison de Gustave Moreau

La maison de Gustave Moreau

      Cette expo, plus modeste a tenu compte des critiques formulées par les visiteurs. Sa disposition est judicieuse et ne nuit pas à la visite normale. 

Gustave Moreau. Exposition Le Moyen Âge Retrouvé. Musée-maison rue Catherine de La Rochefoucauld.

   Elle est modeste également et c'est une grande qualité devant un tel sujet et un tel peintre.

Gustave Moreau et le Moyen âge!

Comment aborder le thème? Comment avec un peintre si foisonnant, si éclectique faire un tri, choisir une ligne?

                                  

  En abordant tout d'abord le romantisme qui fut le grand "re-découvreur" du Moyen Âge. Moreau qui admire Delacroix ou Chassériau illustre à son tour Dante, l'Arioste ou Shakespeare.

                                                                   Hamlet

     Cet aspect est peu représenté dans l'expo qui évoque ensuite Les sujets mythologiques source privilégiée d'inspiration.

                                                        Orphée

Théophile Gautier parle à propos de son style, d'un "hellénisme gothique" et compare ses héroïnes à des "châtelaines du Moyen Âge."

 

 

                                                                  Héraut porte étendard

      L'expo évoque la guerre de 1870 et ses répercussions chez Gustave Moreau qui, profondément affecté par la défaite, représente des figures médiévales qui font partie du roman national : chevalier partant pour la Croisade, Jeanne d'Arc...

                                                     Deux hérauts

                                                        Jeanne d'Arc armée

Chasseur au faucon

Chasseur au faucon

Mort d'un jeune Croisé

Mort d'un jeune Croisé

Son "jeune Croisé mort" est un des plus beaux tableaux de l'exposition. Tout l'art de Moreau s'y déploie, la précision et le flou, l'androgynie, le réalisme et l'onirisme.

La mort offre des couronnes aux vainqueurs du tournoi

La mort offre des couronnes aux vainqueurs du tournoi

Une autre toile remarquable retient l'attention : "La Mort offre des couronnes au vainqueur du tournoi". Thème médiéval de la vanité de la gloire que l'on retrouve dans les danses macabres qui unissent dans la même farandole les seigneurs, les évêques, les mendiants...

Qui aime Moreau retrouve ici cette liberté qui le caractérise avec précisions et esquisses, avec paysage antique et rêvé. Avec au centre de la toile, la mort bien vivante devant la colonne qui porte une dérisoire victoire ailée.

Les licornes

Les licornes

Autre thème médiéval, celui de la licorne des enluminures et des miniatures.  Cette licorne de la tapisserie présentée à l'exposition de 1878 et confiée au musée de Cluny.

 

Femme et licorne

Femme et licorne

Les quelques œuvres ici proposées sont un résumé de l'art de Moreau capable d'allier l'extrême précision, hommage aux enluminures, à l'évaporation des formes, à l'atmosphère plus qu'à la figuration. La femme au corps blanc, la licorne au symbole phallique, tout concourt à la poésie du trouble et de la sensualité diffuse.

                                                         Poète persan

Fait rarissime, un homme peut être associé à l'animal fabuleux. Ici "le poète persan" chantre de la liberté des amours (on pense à Omar Khayyam) 

L'apparition

L'apparition

   Bien sûr le terme clé pour définir l'art de Moreau est "syncrétisme". La palette de ce peintre est un maelstrom qui mêle Antiquité, Renaissance, Moyen Âge, Romantisme, Symbolisme. Et bien avant leur heure le surréalisme et l'abstraction.

L'Apparition est une œuvre majeure. Outre qu'elle fascine par son sujet : Salomé voit apparaître la tête de Jean Baptiste dont elle a obtenu d'Hérode en dansant et en se dénudant qu'il ordonne sa décapitation. Sur la droite le bourreau comme une tache de sang. Sur la gauche Hérode enfoncé, ténébreux dans son trône près de sa femme instigatrice du supplice. Le décor fantasmé mêle les époques. La forte charge érotique de l'épisode se concentre sur le corps presque nu de Salomé.

 

 

Dessin d'un tympan de St-Pierre de Moissac (XIIème) et détail de l'Apparition.
Dessin d'un tympan de St-Pierre de Moissac (XIIème) et détail de l'Apparition.

Dessin d'un tympan de St-Pierre de Moissac (XIIème) et détail de l'Apparition.

Les colonnes sont gravées de figures empruntées à l'art roman. Le tympan de Moissac, ou les colonnes ornées de griffons de Brive

Détail du tableau et étude d'un chapiteau roman (St Martin à Brive, XIIème)
Détail du tableau et étude d'un chapiteau roman (St Martin à Brive, XIIème)

Détail du tableau et étude d'un chapiteau roman (St Martin à Brive, XIIème)

Une dernière partie de l'exposition évoque l'importance de la religion catholique sans laquelle il est impossible de comprendre le Moyen Âge. Chez Moreau, elle est présente, on pourrait dire omniprésente avec l'image de la femme tentatrice, une Eve susceptible de s'incarner dans les mythes qui la précèdent. Mais plus directement elle s'illustre avec les Saints les plus emblématiques comme Ste Cécile, St Martin ou Ste Elisabeth de Hongrie :

 

Si contrairement aux enluminures, les éléments architecturaux intérieurs gothiques sont rares chez Moreau il n'en est pas de même pour l'extérieur avec les anges voyageurs qui font halte sur les cathédrales. 

Moreau s'inspire de croquis de Violet le Duc pour Notre-Dame.

Et cette année qui va voir se rouvrir les portes de Notre-Dame qui faillit disparaître dans les flammes, j'aime terminer cette balade avec ces anges posés avec légèreté sur les tours, gardiens de la cathédrale et de la ville.

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.

 

     Chaque fois que je passe devant le 36 boulevard de Clichy je pense à Jules Pascin, peintre bulgare qui se donna la mort dans son atelier en 1930 à l'âge de 45 ans.

     Une mort difficile décidée après des années de dépression et de mal de vivre. Il se trancha les veines des deux poignets et la mort tardant à le libérer, il se passa une ficelle autour du coup et voulut se pendre. La ficelle ne résista pas, Pascin tomba sur le sol, nuque brisée. Il agonisa plusieurs heures. Il ne fut découvert que trois jours plus tard par sa maîtresse, Lucy, (de son vrai nom Cécile Vidil), mariée au peintre norvégien Per krogh neveu de Charles Munch. C'est son nom qu'il écrivit avec son sang sur les murs de son atelier.

                                                                  Lucy

    J'ai voulu retrouver dans notre quartier quelques endroits où il a vécu. Il est en effet lié à Montmartre et comme tous les artistes qui y ont travaillé, son fantôme est toujours présent dans l'air si particulier de la Butte.

 

   Jules Pascin, de son vrai nom Julius Mordecai Pincas est né en Bulgarie en 1885.

  C'est Apollinaire avec qui il se lia d'amitié qui lui proposa l'anagramme Pascin.

                                                       La famille turque (Pascin)                                            

     Il arriva à Paris en 1905 et atterrit à Montparnasse où alors qu'il était à ses débuts influencé par l'expressionnisme,  il se rapprocha des Fauves.

    Il séduit par son allure de prince en exil  et il participe aux folles nuits du quartier, ce qui lui vaut le surnom d "anarchiste déguisé en dandy".

                                               Photo prise au Dôme en 1910

 

1907 est une année décisive.

    Il rencontre la peintre Hermine David et il quitte Montparnasse pour s'installer (enfin!) à Montmartre.

                                       Hermine dans son lit (Pascin)

Sa première adresse montmartroise est l'hôtel Beauséjour, 1 rue Lepic. 

L'hôtel existe toujours mais il est devenu le Manolita et il cache bien ses cinq étoiles!

 

    Il vit avec Hermine une liaison orageuse car deux années plus tard il rencontre Lucy, modèle de Marquet, qui devient sa "seconde maîtresse". 

                                                     Hermine dans le studio

    C'est en 1909 qu'il change d'adresse à Montmartre pour occuper un atelier au 49 rue Gabrielle.

 

     C'est à cette adresse que débarqua Picasso en 1900, chez son ami le peintre Casagemas qui sombra dans l'alcool et se suicida en 1901 après avoir tenté de tuer la femme qu'il aimait.

 

   Les nombreux portraits que Pascin réalise d'Hermine, outre qu'ils montrent son amour pour elle, révèlent l'art sensuel et mélancolique du peintre qui ne se départit que rarement d'une tristesse existentielle profonde.

    En 1914 il est contraint de quitter la France car la Bulgarie est un pays ennemi. Il se réfugie aux Etats-Unis où Hermine le rejoint et où elle l'épouse en 1918, devenant Madame Pascin comme l'atteste intitulé de cette toile :

                                                  Portrait de Madame Pascin

 Le portrait laisse deviner la vieille blessure qui la mutila. Accident dû à une baleine (une baleine de corset plus précisément) catapultée dans les yeux d'Hermine qui en garda les séquelles après chirurgie, des yeux trop saillants, presque exorbités.

    Le "style" si particulier de Pascin apparaît dans ces toiles où l'on peut voir ce qu'il a retenu de l'expressionnisme, du Fauvisme, de l'Ecole de Paris....

 

   Si Hermine pose souvent pour lui, elle n'en est pas moins peintre elle-même, un peintre de grand talent qui s'épuise dans les trop nombreuses illustrations qui lui sont commandées mais reprend parfois le pinceau pour réaliser  des toiles de valeur comme sa fameuse Kiki de Montparnasse.

 

 

  Après les années américaines, le couple revient à Paris en 1920 et c'est à Montmartre que le peintre loue un atelier.

                                           15 rue Hégésippe Moreau

Il choisit la Villa des Arts, voie privée qui ouvre au 15 rue Hégésippe Moreau près du cimetière de Montmartre (sur des terrains récupérés sur lui).  C'était au XIXème siècle la plus grande cité d'artistes de Paris, avec une cinquantaine d'ateliers. Elle devrait susciter le même intérêt que le Bateau-Lavoir. Il suffit de nommer, parmi les nombreux peintres qui y créèrent : Cézanne, Carrière, Signac, Dufy, Rousseau... et Pascin!

                                                        Lucy (Melancolia)

     Le peintre retombe amoureux de Lucy qu'il n'avait jamais oubliée. Elle accepte de poser pour lui et de vivre une relation qu'elle veut garder secrète, étant mariée et mère d'un garçon.

C'est une nouvelle fois par ses portraits de femme que l'on peut apprécier l'art de Pascin. Lucy partage avec Hermine un grand nombre de portraits.

 

                                   Lucy à sa table (1928. Deux ans avant le suicide)

Nous pouvons les voir réunies sur une même toile :

 

     Le peintre est déchiré entre ses deux amours et par la souffrance qu'il inflige à sa femme. Ce déchirement fait sans doute partie des causes qui ont précipité son mal de vivre.

                                                         Jean Marchand

En 1922, il loue l'atelier du peintre cubiste Jean Marchand 73 rue Caulaincourt.

    L'immeuble est situé à l'emplacement du Cat's Cottage de Steinlen. C'est là que vécut et mourut l'un des plus beaux Montmartrois, peintre des chats et infatigable combattant contre la misère et l'injustice.

    Hermine encourage l'homme qu'elle aime à quitter Paris et ses démons pour voyager en Afrique du Nord, en Italie, aux Etats-Unis. Mais les retours se ressemblent et le mènent inévitablement dans les bars, les maisons closes, les fêtes.

                                                               Hemingway au Dôme (Pascin)

     Hemingway qui le rencontre au Dôme en 1924 l'évoque sans complaisance : "Pascin était un très bon peintre et il était ivre constamment, délibérément ivre et à bon escient..."

      En 1923, Pascin vient vivre dans ce qui sera son dernier appartement, au 36 boulevard de Clichy.

Il continue de peindre les pensionnaires des maisons closes, avec une attention teintée de tristesse et de sympathie qui fait de lui un frère de Toulouse Lautrec.

 

     Le 2 juin 1930, le jour même du vernissage de son exposition à la Galerie Georges Petit, il ferme sa porte à double tour, boit sans modération, comme il a l'habitude de le faire quasi quotidiennement et s'ouvre les veines.

C'est à Lucy qu'il pense et  c'est elle qu'il appelle en silence en écrivant son nom en lettres de sang sur le mur.

 

Alors qu'il a vécu l'essentiel de sa vie parisienne à Montmartre et qu'il y est mort, c'est au cimetière Montparnasse qu'il est enterré. Salmon qui fut un de ses amis, notamment au Bateau-Lavoir a écrit le poème gravé sur sa stèle :

" Homme libre      héros du songe et du désir     de ses mains qui saignaient poussant les portes d’or      esprit et chair     Pascin dédaigna de choisir       et maître de la vie il ordonna la mort ". 

 

    Depuis que je connais son histoire je ne peux m' empêcher chaque fois que je passe devant le 36 boulevard de Clichy, d'imaginer derrière les murs, cet homme qui après avoir choisi la mort peignit une dernière fois  avec ce qui lui restait de vie un adieu à la femme la plus aimée.

Dans cet adieu sanglant, je pense à Apollinaire qui avait donné à Pascin son nom :

"Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie

Ta vie que tu bois comme une eau de vie (...)

Adieu adieu

Soleil cou coupé"

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Rue Véron. Ilia Répine. Les Cosaques zaporogues. Emeric Lhuissiet.

Un des tableaux les plus populaires de Russie évoque la résistance par l'humour et la plaisanterie énorme d'un peuple menacé par un ennemi qui le menace d'envahir ses terres et le soumettre.

Rue Véron. Ilia Répine. Les Cosaques zaporogues. Emeric Lhuissiet.

Ce tableau c'est  "Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre à l'Emir de Turquie". Il a été peint par Ilia Répine (1844-1930) né dans la région de Kharkiv, en Ukraine. Un tableau considéré aujourd'hui par les Ukrainiens comme une réponse à Poutine qui a remplacé l'Emir de Turquie dans son désir de conquête et d'annexion de leur pays.

 

Avant de dire un mot de cette œuvre célèbre, il convient de présenter rapidement son auteur qui se fit très vite une place majeure dans la jeune peinture russe figurative.

Il fit un voyage en Europe et après avoir visité l'Italie, il occupa à Montmartre un atelier, 31 rue Véron. 

 

 

Rue Véron. Ilia Répine. Les Cosaques zaporogues. Emeric Lhuissiet.
Rue Véron. Ilia Répine. Les Cosaques zaporogues. Emeric Lhuissiet.

Il arrive dans l'effervescence des courants impressionnistes qui ne l'impressionnent guère. Le seul contact d'importance qu'il eut pendant son séjour, c'est avec Manet qui tenta de le persuader de peindre avec plus de naturel. Ce qu'il tenta de réaliser avec son "Café parisien".

Mais jamais il n'approuva la démarche impressionniste et Sadko la toile qu'il peignit à Paris (commandée par Alexandre III) est comme une affirmation de son désaccord. Inspirée d'un conte russe, la scène représente le marchand Sadko plongé dans un monde sous-marin. La précision du dessin et le réalisme des couleurs est un manifeste et une protestation contre un courant qui veut imiter la nature dans son imprécision et son chatoiement. 

 

Répine traçait sa route et ses succès ne l'incitaient pas à modifier ses sujets. Il est vénéré aujourd'hui en Russie pour ses toiles "historiques" et pour ses portraits de quelques uns des plus grands créateurs russes comme Tolstoï, Moussorgski, Tourgueniev...

                                                            Tolstoï

Sa toile des Cosaques Zaporogues (son propre père est Cosaque) illustre un épisode de l'histoire en partie inventé. Le sultan Mehmed IV ordonne en 1675 aux Cosaques de la région de Kharkiv comme aux Tatars de Crimée de rendre les armes et de le reconnaître.

"J’ordonne, à vous les Cosaques zaporogues de vous soumettre volontairement à moi sans aucune résistance"

La réponse des cosaques est un tissu d'insultes qui ne craint ni la grossièretés ni les excès et qui fait encore aujourd'hui la fierté des nationalistes russes peu conscients qu'elle pourrait être adressée à Poutine par les descendants des Cosaques et par les Ukrainiens de Kharkiv et d'Odessa!

Mange la vomissure du diable, toi et ton armée. Toi le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers, crétin, groin de porc, cul de jument, sabot de boucher!

 

Rue Véron. Ilia Répine. Les Cosaques zaporogues. Emeric Lhuissiet.

La toile de Répine illustre ce moment joyeux et complice où les Cosaques s'amusent à répondre. 

Apollinaire dans la "Chanson du Mal Aimé" mettra en vers la fameuse lettre :

 

Réponse des Cosaques Zaporogues


Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats

Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique

Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments.

 

Le tableau est si célèbre qu'il a fait l'objet de nombreuses "imitations" ou reconstitutions comme celle photographiée par un groupe d'amis amateurs d'art!

 

Aujourd'hui c'est un photographe de guerre qui a reproduit le tableau en remplaçant les Cosaques par les soldats ukrainiens. Il s'agit d'Emeric Lhuisset qui a fidèlement repris les éléments de la toile célèbre connue de tous les Ukrainiens. 

 

La photo est devenue virale et il est question d'en faire un timbre poste! Elle est un des éléments de la résistance ukrainienne toujours prompte à manier l'humour et la provocation. 

                                 2nde version au musée de Kharkiv

Je ne sais si la réplique de la toile peinte par Répine et offerte au musée de Kharkiv y est toujours. Le musée a été en effet pillé et en partie détruit.

La photo d'Emerci Lhuissiet y sera exposée et aura la force d'un grand rire à la face des bourreaux. 

Un rire que ne désavouerait pas Répine dont le dernier tableau représente encore les cosaques mais cette fois dans une danse, la danse du feu, la danse de la victoire!

 

Liens

Rues et places de Montmartre

Les artistes peintres

                                                  Esquisse au fusain de Répine

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Poulbot. Noël à Montmartre.
Poulbot. Noël à Montmartre.

     S'il existe un  homme qui  aimait les gosses de Montmartre et connaissait leur misère, leurs peines, leur orgueil, leur impertinence et leur force de vie,  c'est bien lui, Francisque Poulbot!

 

Poulbot. Noël à Montmartre.

    "Il avait sans cesse la main à la poche. Aux petits il donnait pour s'acheter des billes, des sucres d'orge, des roudoudous, parfois des chaussures (...)"            

(Dorgelès)

 

     Noël était un moment où la pauvreté se faisait plus cruelle, où l'enfant voyait à travers les brumes les scintillements des beaux quartiers ... 

     Poulbot alors se démenait pour organiser avec la République de Montmartre une grande fête pour que les gosses aient leur part de lumières. En 1922, les enfants du XVIIIème, furent invités à une grande fête qui allait se transformer en tradition...

    Ils furent plus de deux mille à envahir le Moulin Rouge, à y découvrir l'immense arbre de Noël et ses milliers de cadeaux!

 

Poulbot. Noël à Montmartre.
Poulbot. Noël à Montmartre.

   Faut-il rappeler que Poulbot, enfant de Saint-Denis, était venu à 24 ans vivre sur cette Butte qu'il aimait et qui en 1900, était une zone de misère, en partie recouverte par le Maquis, un bidonville de bric et de broc...

 

Poulbot. Noël à Montmartre.

     C'est dans ce maquis qu'il habita en 1901, dans une maison de planches que les voisins appelaient "la maison à l'ail" à cause des odeurs de graillon qui en émanaient.

     Plus tard il aura d'autres adresses à Montmartre et, le succès aidant, il passera les vingt dernières années de sa vie, avenue Junot, dans une belle maison construite sur le maquis détruit...

 

Poulbot. Noël à Montmartre.

     Mais jamais il n'a cessé de se démener pour les petits Montmartrois. Il les a aimés au point de leur consacrer l'essentiel de son œuvre.

     Il serait consterné de voir ce que ses "poulbots" sont devenus aujourd'hui, torchés par des barbouilleurs, achetés par des touristes naïfs.

 

    Des enfants mutants à grosse tête, aux yeux démesurés, aux lèvres botoxées, représentés en train de pisser.... ou décorant le manège consternant de la place des Abbesses qui inflige à tous sa laideur depuis des années!

 

Poulbot. Noël à Montmartre.
Poulbot. Noël à Montmartre.

      Poulbot, lui, les représentait avec tendresse mais sans complaisance, gouailleurs, râleurs, miséreux, lucides, ironiques, insolents... pleins d'une vitalité qui les aidait à ne pas se complaire dans leur malheur.

 

Poulbot. Noël à Montmartre.
Poulbot. Noël à Montmartre.

 Il fut avec la Commune libre de Montmartre un des instigateurs du dispensaire de Montmartre pour soigner ces gosses, veiller à ce qu'ils se nourrissent. 

 

Noël au Moulin Rouge

Noël au Moulin Rouge

Noël au Moulin de la Galette

Noël au Moulin de la Galette

     Il se démena pour récolter des fonds et intéresser artistes et commerçants à leur sort. Il réalisa ce que fera Coluche plus tard avec ses restaurants du cœur. Certes il ne s'adressait qu'aux enfants du XVIIIème arrondissement mais il ne se limitait pas à l'aide alimentaire. 

 

     Les Noëls de la République de Montmartre étaient une grande fête. Elle avait lieu au Moulin Rouge, au Moulin de la Galette ou parfois au cirque Médrano (sauvagement détruit dans les années pompidoliennes) où les Fratellini, amis de Poulbot, étaient toujours volontaires!

 

     Voilà 71 ans que Poulbot est mort. Il a contribué, avec ses moyens, à redonner à Noël son sens véritable, celui de l'attention aux plus démunis...

     S'il revenait sur la Butte, il  découvrirait sur les trottoirs, des poulbots venus d'ailleurs et qui aimeraient sans doute que ce grand bonhomme les invite, ne serait-ce que le soir de Noël dans la chaleur écarlate du Moulin qui fait tourner ses ailes électriques dans le ciel glacé!

 

 

Poulbot. Noël à Montmartre.
Poulbot. Noël à Montmartre.
Poulbot. Noël à Montmartre.

Voir les commentaires

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Lieu magique, l'atelier-appartement de Valadon, bien que reconstitué, semble avoir traversé le temps et s'ouvrir tel qu'il était quand Suzanne, son fils et son mari y vivaient.

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
valadon, Utter et Utrillo  autour du poêle...dans l'atelier

valadon, Utter et Utrillo autour du poêle...dans l'atelier

Le poêle fidèle au poste...

Le poêle fidèle au poste...

C'est que les humains laissent des traces de leur passage. Leur parfum, leurs rêves, leurs gestes, leurs angoisses ou leurs joies ont la vie dure et continuent d'imprégner l'atmosphère...

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Chacun de nous a fait cette expérience d'être saisi d'émotion devant un paysage ou un lieu sans comprendre pourquoi.

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Combien d'années Suzanne Valadon a t-elle vécu ici?

En cet endroit de Montmartre qu'elle aimait et qu'elle peignit maintes fois dans la clarté du printemps...

Erik Satie (Suzanne Valadon)

Erik Satie (Suzanne Valadon)

Satie

Satie

Sa liaison de trois mois avec Erik Satie, fou amoureux d'elle lui permit de rencontrer un ami du compositeur, Paul Moussis, un agent de change qu'elle épousa en 1896...

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Le couple choisit de vivre rue Cortot sans s'encombrer du garçon que Suzanne avait mis au monde en 1883 (elle avait 18 ans).

Ce fils (Maurice Utrillo) fera quelques séjours chez sa mère mais sera élevé par sa grand-mère Madeleine.

Auto portrait allégorie du siècle (Emile Bernard)

Auto portrait allégorie du siècle (Emile Bernard)

En 1905, Suzanne et son mari changent d'adresse. Quelques années plus tard, ils divorcent (1911) et après quelques mois passés impasse de Guelma (aujourd'hui villa de Guelma) Suzanne revient vivre rue Cortot où l'atelier et le petit appartement sont libres, Emile Bernard qui les occupait, ayant déménagé.

André Utter, Suzanne Valadon (détail) (Suzanne Valadon)

André Utter, Suzanne Valadon (détail) (Suzanne Valadon)

Elle n'est pas seule. Elle est tombée amoureuse d'André Utter, plus jeune qu'elle d'une vingtaine d'années et qui est l'ami de son fils.

Utrillo, Valadon le chat Raminou et André Utter dans l'atelier

Utrillo, Valadon le chat Raminou et André Utter dans l'atelier

Valadon, utrillo, Utter....

Valadon, utrillo, Utter....

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

De 1912 à 1926, elle vit ses années heureuses et tourmentées à la fois avec celui qu'elle épouse en 1914 et son fils qui habite avec eux rue Cortot.

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

L'appartement et l'atelier que nous voyons aujourd'hui sont tels que nous les montrent les photos prises quand "le trio diabolique" y vivait.

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Les pièces d'habitation étroites et assombries par un papier peint à fleurs contrastent avec la luminosité de l'atelier. Une petite chambre a été reconstituée sur la rue. c'est celle qu'occupait Utrillo.

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

La fenêtre a gardé les barreaux qui empêchaient le peintre de jeter dans la rue de trop gros objets et lui évitait la tentation, lors de ses crises, de se jeter lui-même!

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Sur le lit un nounours rappelle l'enfance difficile d'Utrillo qui avait souffert de l'absence d'une mère qu'il vénérait.

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Une toile sur le mur date de sa "période blanche" la plus créatrice et sans doute la plus belle...​

En 1926 Suzanne Valadon se sépare d'Utter et quitte la rue Cortot pour habiter avenue Junot dans la maison achetée par son fils.

Elle a encore douze années à vivre pendant lesquelles elle passera souvent devant son ancien atelier et pensera avec nostalgie aux années passées...

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Quelques cadres avec des photos sur les murs ou la cheminée de l'appartement donnent l'illusion qu'il est toujours habité.

Ce sont des photos de Suzanne dans sa jeunesse, de la mère et de son fils...

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Photos du passé, images qui ne veulent pas mourir...

Les souvenirs sont les battements de cœur du présent...

Et Dieu sait qu'il bat fort le cœur de Montmartre!

Suzanne Valadon et Maurice Utrillo

Suzanne Valadon et Maurice Utrillo

Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.
Suzanne Valadon. Musée de Montmartre rue Cortot. Atelier et appartement.

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.

     Les murs de la Butte sont très appréciés des artistes de rues parce qu'ils donnent une grande visibilité à leurs créations et que défile le monde entier devant eux!

                                                   Passage des Abbesses

Plusieurs articles du blog sont consacrés à ces poètes de la ville.

Art des rues. Street Art. Au hasard de Montmartre. Robert Vargas, Miss.Tic, Manfred Scharpf, Smile, Den,

Mais aujourd'hui, en ces jours gris et pluvieux de décembre, je vous propose une nouvelle balade au hasard des nouvelles créations... 

                                                    Passage des abbesses

    Dépêchons-nous, les œuvres éphémères s'offrent à nous avant le passage des services de nettoyage de la ville. Services qui ont effacé à jamais quelques unes des plus belles créations de Miss.Tic.

Rue androuet

Rue androuet

Rue Androuet

Rue Androuet

Rue androuet

Rue androuet

Rue Androuet

Rue Androuet

Rue Androuet

Rue Androuet

Rue Androuet

Rue Androuet

Les collages, variation-hommage à Vinci sont une préparation, une imprégnation de la rue avant l'exposition du peintre Manfred Scharpf (né en 1945) dont le talent n'est plus à prouver. 

 

 

Rue Androuet. L'artiste dans son atelier

Rue Androuet. L'artiste dans son atelier

Rue Androuet

Rue Androuet

Art des rues. Street Art. Au hasard de Montmartre. Robert Vargas, Miss.Tic, Manfred Scharpf, Smile, Den,

Den qui a commencé en peignant des cartes de petit format, imagine des murs habités par la vie en abondance, l'énergie des rencontres et des mélanges. Son art en mouvement est une éruption de vie. Dans la rue Androuet, il n'hésite pas à souffler sur la Joconde.

 

Art des rues. Street Art. Au hasard de Montmartre. Robert Vargas, Miss.Tic, Manfred Scharpf, Smile, Den,

Un article de ce blog est consacré aux métamorphoses de la même rue Androuet par le peintre Jacques Servoz

 

Passage des Abbesses

Passage des Abbesses

Nô est depuis longtemps pochoiriste engagé dans un appel à la solidarité. Des femmes en lutte, des enfants perdus, des regards qui accrochent le passant, ralentissent sa marche, modifient peut-être son regard.

                                                             Rue Antoine

Rue Véron

Rue Véron

Alors que les murs ont été décapés sans discernement, subsistent ici ou là quelques animaux de SMILE moins sauvages que les citadins et plus qu'eux menacés!

                                                 Rue d'orchampt

Rue Véron

Rue Véron

Dans la chère rue Véron, impossible de ne pas avoir le cœur gros devant le panneau de l'épicerie où a été lessivée une des plus belles fresques de Miss.Tic (article sur Miss.Tic dans le blog)

                               Fresque vandalisée par les services municipaux

Nous nous consolerons (un peu) en retrouvant dans la même rue deux autres fresques protégées par les propriétaires avisés et intelligents :

 

Art des rues. Street Art. Au hasard de Montmartre. Robert Vargas, Miss.Tic, Manfred Scharpf, Smile, Den,

Et ne serons pas convaincus par Mass.Toc dont le dessin humoristique ne rend pas hommage à l'original.

 

    Dans la même rue un mur aveugle reçoit depuis des années des fresques d'artistes connus. Leur peinture subsiste quelques mois avant d'être remplacées... Art généreux de l'éphémère.

    En ce moment une fresque de Robert Vargas invite au baiser entre humains tout simplement, quel que soit leur orientation ou leur couleur.

 

Encore faudrait-il pour le voir, lever le nez de son smartphone!

(Robert Vargas est un artiste américain, auteur de nombreuses fresques qui le plus souvent chantent la vie.)

Les animaux sont souvent présents dans l'art des rues. La préoccupation écologique est naturelle chez les artistes qui par définition sont sensibles à la violence exercée contre les plus faibles.

                                      (collaboration avec Ledentelier)

Ainsi Henri Maître, d'industrie.tarte, les représente t-il comme dans les boucheries où ils sont des produits pré découpés qui n'existent pas en tant qu'êtres vivants et souffrants mais en tant que produits de consommation.

Je ne résiste pas au plaisir de citer Apollinaire qui allait acheter son pain dans cette rue et qui était attiré par la belle vendeuse :

"Boulangère de la rue Garreau, vos tétons sont des bigarreaux".

Art des rues. Street Art. Au hasard de Montmartre. Robert Vargas, Miss.Tic, Manfred Scharpf, Smile, Den,

Avec Codex Urbanus très présent à Montmartre, nous rencontrons des animaux en voie d'apparition, mélange improbable d'espèces et de poésie! (codex urbanus sur le blog)

 

Rue d'Orchampt

Rue d'Orchampt

Rue Antoine

Rue Antoine

Rue Livingstone

Rue Livingstone

Malgré la variété et la diversité des pochoirs et peintures, les murs, peut-être victimes des nettoyages préolympique sont en train de perdre leurs couleurs.

 

Nous sommes plus près se Waterloo que d'Austerlitz pour le Street Art montmartrois! 

Quelques autres balades dans l'art des rues à Montmartre  avec ce blog Montmartre secret.

Art des rues (3)

Rue Véron (Levalet)

Combo Gregos...à Montmartre

Codex, Jay Ray Mie

Art des rues (1) Le Chat, Cyclop et..

 

Voir les commentaires

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

     Je republie cet article qui est devenu "historique" puisque la spéculation a fait disparaître en 2018 le Singe qui lit, dévoré par l'agrandissement de la Mère Catherine aux appétits d'ogresse et parce que en l'an de grâce 2023, il a refait son apparition là où se tint quelques années le syndicat d'initiative, au 11 place du Tertre.

 

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

   Le Singe qui lit faisait partie des enseignes montmartroises qui avaient survécu à la mutation touristico-immobilière de notre quartier.

Depuis 1908 il y avait à son emplacement, jouxtant le Cadet de Gascogne, une brocante tenue pendant des années par un personnage haut en couleurs comme en suscite souvent la Butte : Emile Boyer.

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
On voit sur cette carte qu'avant la brocante, il y eut une crémerie...

On voit sur cette carte qu'avant la brocante, il y eut une crémerie...

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

     Emile Boyer (1877-1948) est fils de chiffonnier. Il pratique plusieurs métiers avant de se percher place du Tertre où il gère un bric à brac hétéroclite, à la fois épicerie et brocante! On dit que Gen Paul le chargeait de vendre ses aquarelles qu'il accrochait à l'aide de pinces à linge à un fil suspendu dans la boutique.

On raconte encore qu'Utrillo payait son ardoise de gros rouge avec des toiles que notre brocanteur-épicier collectionnait.

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Rue de Montmartre sous la neige. (Emile Boyer)

Rue de Montmartre sous la neige. (Emile Boyer)

Montmartre; (Emile boyer)

Montmartre; (Emile boyer)

     C'est ainsi que le virus pictural qui circule librement par les rues de Montmartre contamine notre homme qui s'achète un chevalet et bien des années avant l'invasion de la place du Tertre par les barbouilleurs, s'installe sur le trottoir devant son échoppe..

Indifférent aux courants nouveaux et aux précurseurs, il peint à sa manière, réaliste et colorée, sans se soucier des modes. Son oeuvre est restée dans l'ombre malgré une exposition en 1973 au musée de Montmartre. Dans les salles de vente, il est possible d'acquérir une de ses toiles pour un millier d'euros.

Le livre de Martine et Bertrand Willot.

Le livre de Martine et Bertrand Willot.

Un livre lui a été consacré : "Emile Boyer -Années folles-" par Martine et Bertrand Willot.

Voici en quels termes leurs auteurs le présentent :

"Brocanteur, anarchiste, fort en gueule, caractériel, marchand de frites et peintre"!

Bref! un homme complet!

Emile Boyer et sa friteuse!

Emile Boyer et sa friteuse!

...Car... il est le précurseur à Montmartre des "baraques à frites" chères à nos amis nordistes!

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

     Pourquoi la boutique porte-t-elle ce nom : Le Singe qui lit?

Il y aurait eu à Montmartre à la fin du XIXème siècle une revue d'artistes qui s'appelait ainsi. J'en ai cherché la trace et ne l'ai pas trouvée. Aucun document, aucun témoignage... rien ne permet de confirmer cette source!

Un singe en argot est un patron mais aussi un ouvrier typographe, un typo. Or, parmi ses multiples activités, Emile boyer fut ouvrier typographe! Il est plausible et réjouissant de lui accorder la paternité du nom!

Le singe lecteur. Gabriel von Max (1904)

Le singe lecteur. Gabriel von Max (1904)

Après Emile Boyer, la boutique connaît divers avatars...

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

     Elle s'appelle pompeusement "Relais des Arts" et se spécialise dans la marionnette.

     Le Relais disparaît à son tour avec ses petits personnages qui laissent le Singe reprendre possession de sa boutique pour ne plus la lâcher.

On voit à droite la brocante de Grémillet

On voit à droite la brocante de Grémillet

     Comme à l'époque d'Emile Boyer un joyeux bric à brac s'y installe, une brocante foutraque encombrée d'objets hétéroclites ou incongrus.

Eau forte de Georges Gremillet

Eau forte de Georges Gremillet

... et c'est un autre artiste qui succède à Emile Boyer : Georges Gremillet.

Il fait sa publicité en vendant ses dessins et ses eaux fortes exposés sur les murs et dans la vitrine...

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

     Quand il cède son commerce, c'est la fantaisie et la créativité qui s'en vont avec lui.

Les nouveaux propriétaires en font une boutique de souvenirs made in China, semblable aux dizaines de boutiques qui jalonnent le circuit touristique.

Par chance, ils conservent l'enseigne qui faisait encore il y a peu partie du patrimoine montmartrois.

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.

    Mais allez comprendre pourquoi en l'année 2018, le restaurant de la Mère Catherine a pu obtenir l'autorisation de tuer le Singe ?      

N'aurait-elle pas pu conserver au moins l'enseigne?.... et conserver ainsi une petite partie de l'histoire de la Butte!

Il faut croire que les responsables chargés de veiller sur la défense de la Butte, s'ils ne sont pas des singes, ne doivent pas lire beaucoup

Hier

Hier

aujourd'hui

aujourd'hui

Le singe qui lit. Montmartre. Place du Tertre. Emile Boyer.
Bazar made in China

Bazar made in China

Singe.. (Gabriel von max 1913)

Singe.. (Gabriel von max 1913)

>Plus une trace, plus un poil du Singe qui lisait.

>Plus une trace, plus un poil du Singe qui lisait.

La vieille enseigne de bois a disparu à jamais si la boutique est revenue place du Tertre, bazar made in China. Mais réjouissons-nous malgré tout de voir notre singe en bonne place!

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Vue de Montmartre sous la neige. (Aquarelle 1879)

Vue de Montmartre sous la neige. (Aquarelle 1879)

    Le musée de la rue Cortot présente quelques œuvres d'Eugène Delâtre, graveur, aquarelliste, dessinateur qui fut amoureux de Montmartre dont il a laissé quelques témoignages précieux.

                                                          Rue Norvins

                    Une occasion pour nous de le découvrir (ou le redécouvrir)

Vue de la place du Tertre (eau-forte)

Vue de la place du Tertre (eau-forte)

Il est né en 1864.  Son père Auguste est un imprimeur apprécié de ses contemporains.

           Auguste Delâtre dans son atelier par Eugène Delâtre (1894) Eau-Forte et aquatinte en couleurs

 on peut dire qu'il fut l'un des principaux rénovateurs de l'eau-forte et l'un des plus sollicités par les Impressionnistes.

                                           Auguste Delâtre (1858). Eau-forte de Whistler

 

 Ardent défenseur de la Commune il est contraint à l'exil à Londres avec sa famille pendant cinq ans.

Rue du Mont-Cenis et place de l'église (eau-forte et aquatinte) (Eugène Delâtre)

Rue du Mont-Cenis et place de l'église (eau-forte et aquatinte) (Eugène Delâtre)

En 1876 la famille peut revenir à Paris et retrouver son cher Montmartre.

Auguste installe son atelier 2 rue Tourlaque puis 87 et 102 rue Lepic.

                                                          Eugène à 38 ans

                                                "Ma binette" (Eugène Delâtre)

   Eugène travaille avec son père et après sa mort continue son oeuvre. Il maîtrise parfaitement l'eau-forte en noir et blanc mais il n'a de cesse de mettre au point un procédé qui permette de restituer les couleurs.

                                                               Léon Carré

De nombreuses cartes-adresses sont imprimées alors, illustrées par Delâtre ou ses amis peintres.

                                                                  (Steinlen)

                                                                Richard Ranft

                                                   (Henri Somm)

     Eugène aime dessiner son quartier devenu la proie des promoteurs. Il en fixe l'image comme on fixe les traits d'un être aimé avant que le temps ne les estompe. 

Rue Norvins et place de l'église

Rue Norvins et place de l'église

2 Impasse des deux frères

2 Impasse des deux frères

Le Lapin Agile

Le Lapin Agile

Percement de l'avenue Junot en 1914

Percement de l'avenue Junot en 1914

Les deux moulins

Les deux moulins

Les 2 moulins plus aquarelle

Les 2 moulins plus aquarelle

    De nombreux peintres de Montmartre viennent s'initier à la gravure dans son  atelier (Braque, Derain, Mary Cassatt, Picasso, Pissarro, Steinlen, Rops, Lautrec, Valadon, Villon.... le liste est longue!)

Poulbot passe des journées entières avec son ami et réalise dans son atelier des gravures qui l'ont rendu célèbre.

                              Gen Paul, Jacqueline et Eugène Delâtre devant le Blute-Fin

Gen Paul est lui aussi un de ses fidèles amis. Il signe les gravures qu'il réalise avec Eugène Delâtre du nom de Paul Trelade, son nom de famille et  celui de Delâtre en verlan!

                                         Bal du moulin de la Galette (Gen Paul)

 

     Eugène Delâtre parvient à force de tentatives et d'opiniâtreté à donner aux gravures des couleurs qui rappellent celles des aquarelles.

                                   Autoportrait dans son atelier (1894) Eau-Forte et aquatinte

                                 Marcel à la cigarette (1895). Eau-Forte et aquatinte

                Enfant à la grille d'un jardin (Portrait de sa fille. 1895). Eau-Forte et aquatinte

 

Grand-père et enfant (Eau-Forte et aquatinte). Eugène Delâtre représente Auguste son père et un de ses enfants.

                          La partie de Chien Vert chez la Mère Catherine (1893) ("Le Chien vert"  est une variante de poker)

                                          Etudes (1905) Crayon et aquarelle

      Parmi les grands peintres avec qui il a collaboré, impossible de ne pas citer Picasso dont Eugêne Delâtre réalise la gravure célèbre "Un Repas Frugal" en 1904 et les Saltimbanques en 1905.

 

Ce fut la chance pour cet artisan-artiste de vivre à Montmartre, épicentre de la création artistique au tournant des XIXème et XXème siècles et de collaborer avec quelques uns des plus grands peintres de son temps. 

Il nous reste en témoignage toutes les œuvres qu'il a léguées à son quartier, engagé comme il l'était dans la Société d'histoire et d'archéologie du Vieux Montmartre.

    La petite exposition qui lui est consacrée n'est sans doute que l'ébauche d'un hommage plus complet qui sera rendu un jour à ce graveur-dessinateur-aquarelliste qui a mis son talent au service des peintres qu'il admirait 

Une de ses plus fortes créations, exposée rue Cortot est sans nul doute "En visite ou la Mort vêtue de fourrure (1897)

Une "pierreuse" glacée malgré ses fourrures racole sur le boulevard et vend l'amour et la syphilis.

Pas vraiment l'image frivole et insouciante du Montmartre des fêtes et du french-cancan mais un exemple de ce qu'aurait pu être la création d'Eugène Delâtre s'il avait donné libre cours à son inspiration.

 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Montmartre. Biennale des artistes. Wabé. Reine Mazoyer. Bostffocher. Novembre 2023

    Difficile de ne pas vous alerter trop tard et de vous inciter à rendre visite aux artistes qui exposent Villa Radet, place Dalida. En effet la Xème biennale organisée par la République de Montmartre se termine dès ce soir, après n'avoir duré que deux jours!

Montmartre. Biennale des artistes. Wabé. Reine Mazoyer. Bostffocher. Novembre 2023

Pendant ces deux jours climatiquement calamiteux, des peintres-poètes nous ont offert un refuge où ils nous ont accueillis amicalement.

Montmartre. Biennale des artistes. Wabé. Reine Mazoyer. Bostffocher. Novembre 2023

    Il faudrait beaucoup de temps pour présenter les univers si différents dans lesquels nous avons voyagé.

J'ai choisi trois artistes qui m'ont particulièrement touché.

Blanche Neige et Peau d'Âne

Blanche Neige et Peau d'Âne

   Malgré le ciel gris et la pluie qui tambourine à l'extérieur, Reine Mazoyer enchante le monde par ses couleurs, son esprit d'enfance, la liberté de ses créations.

Elle ouvre de petits théâtres où revivent les contes de l'enfance transformés par sa sensibilité et son imagination.

     Le peintre-magicien avec la cape de Mandrake vole au-dessus de la ville avec ses pinceaux. Il vole au secours des âmes tristes, des rue grises, des pensées noires. Il est léger avec ses semelles de vent et de battements d'ailes. Il n'est ni homme ni femme, il est l'un et l'autre. Les passants le saluent, attendant que leurs ombres chinoises se parent de couleurs.

Dans les catacombes, pays des morts, la vie reprend pour un défilé de mode fellinien. Les habits sacerdotaux dansent et virevoltent sous le regard des mafieux.

Le "Crocodile Circus" nous montre un dompteur magicien aux prises avec un alligator qui se métamorphose en sac à mains et garde dans sa gueule une trousse de maquillage. On rêve que les mâchoires se referment sur l'homme prédateur!

Reine Mazoyer porte avec elle un monde de formes, de métamorphoses, d'émerveillements enfantins. Souhaitons qu'une exposition lui soit consacrée bientôt à Montmartre.

Montmartre. Biennale des artistes. Wabé. Reine Mazoyer. Bostffocher. Novembre 2023

Avec Franck Bostffocher nous entrons dans un univers intérieur énigmatique. Ses dessins de gouache et encres bien que modestes de format ouvrent sur un infini, une touffeur de forêts et de sous-bois. L'arbre semble frémir et penser de tous ses neurones.

 Celui-là qui se dénude tend ses branches vers le ciel. Il me fait penser aux candélabres des synagogues. Il parle de mort et de vie. Si des feuilles jonchent le sol, le mouvement autour de l'arbre n'est pas descendant mais circulaire, comme le temps, comme les saisons.

 

Montmartre. Biennale des artistes. Wabé. Reine Mazoyer. Bostffocher. Novembre 2023

Contraste ombre et couleurs dans ce paysage où les arbres se dressent dans un ciel qui frémit comme une eau touchée par le vent. Les feuillages jaunes résistent, derniers éclats de l'automne.

Ce dessin est celui que j'ai préféré. 

Dans cette forêt bleue le cerf semble monter vers nous, altier, inquiet. Il fait corps avec la nature. Je devrais dire "cors". Les arbres et les cors se ressemblent. Ils font partie de la même forêt. 

Montmartre. Biennale des artistes. Wabé. Reine Mazoyer. Bostffocher. Novembre 2023

      Avec Wabé nous entrons dans un monde fantastique peuplé de créatures en mouvements, en mutation, en métamorphose. 

   Elle est sœur par l'imagination de Niki de Saint Phalle.

Ce ne sont pas des nanas qui sous ses mains, naissent des monceaux de journaux qui ont servi à faire la matière de ses sculptures.

Ce sont des créatures que l'on ne peut assigner à aucune espèce. Êtres multiformes, différents selon qu'on les regarde de dos, de face ou de côté.

Parfois  ces êtres ont une parenté avec d'autres artistes comme ce personnage cubiste qui prend des airs de Picasso mais abandonne l'épée pour la fleur.  

 

                                                                Picasso

    La sculpture la plus haute a été inspirée à l'artiste par Jacques Decour dont le lycée Rollin où il fut professeur prit le nom pour honorer le résistant, le combattant qui donna sa vie pour sa patrie.

L'arbre de la résistance se dresse avec les guerriers de l'ombre....

 Avec les yeux fermés devant le peloton d'exécution...

 avec à ses pieds la fécondité des feuilles et des fruits qui donneront naissance à d'autres arbres.

 

Le voyou de Sologne et à droite Wabé, aussi colorée que ses créations.

Le voyou de Sologne et à droite Wabé, aussi colorée que ses créations.

                                                     Xavier Blondeau

Cette présentation de la biennale qui a fermé ses portes bien  trop vite est bien sûr subjective et incomplète. Bien des exposants présents dans la villa Radet sont d'authentiques créateurs originaux, des défricheurs.

                                                       Alain Bonnefoit

      Je regrette que nous n'ayons pas été avertis plus tôt afin de mieux présenter une biennale qui, beaucoup trop brève, n'en a pas moins fait cadeau à beaucoup de belles rencontres et de vraies découvertes.

                                                           Marianne Le Vexier

Les trois artistes que j'ai présentés (rapidement) ici sont :

Reine Mazoyer (reine.mazoyer24@orange.fr)

Franck Bostffocher  (franck.bosto@gmail.com)

Wabé (wabe-sculpture@gmail.com)

                                                             Michel De Alvis

Liens

Les artistes, les peintres, les personnalités de Montmartre.

                                                      Marie-Christine Sercki

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.

     Enfin une exposition consacrée au plus montmartrois des Montmartrois, bien que suisse!

Il y a chez cet artiste considérable tout ce qui caractérise un homme généreux et engagé. Il est constamment du côté des pauvres gens du maquis et d'ailleurs, il est de toutes les luttes pour la justice et pour la paix, il est sensible à la condition animale et recueille les chats abandonnés. Il a créé l'icône la plus universellement connue de Montmartre, le fameux chat noir!

 

    L'expo commence, dans la première salle, par rappeler sa fascination pour le chat, animal libre, sauvage, et beau comme un danseur qui ne se lasserait jamais de danser et dans son sommeil rêverait qu'il danse.

 

Ses peintures de chat sont parmi les plus belles qui aient jamais été créées.

 

Parce que ce peintre doué aimait les chats, les observait, les admirait et recueillait dans sa maison qu'il avait appelée Cat's Cottage ceux qui avaient besoin d'être soignés et nourris.

 

 

      Il savait restituer sa douceur comme sa sauvagerie, son besoin de confort comme de liberté. L'exposition permet de découvrir quelques sculptures et des dessins qui viennent des collections permanentes.

 

Steinlen. Exposition au musée de Montmartre. Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.

     Les chats auraient pu être l'objet unique d'une belle exposition. Espérons qu'elle sera organisée un jour! En attendant, Steinlen repose sous des rochers dans le cimetière Saint-Vincent, à 300 mètres du musée. Quand je lui rends visite pour peu qu'il y ait un rayon de soleil, un chat dort sur sa tombe, en attendant que vienne leur "apothéose" et qu'un chat plus décidé que les autres les entraîne sur la Butte, là où s'élève le Sacré-Coeur et où commença la Commune.

 

Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.
Steinlen. Exposition au musée de Montmartre.

    L'expo se poursuit comme elle peut dans des salles souvent trop exigües. On y rencontre le caricaturiste ou l'illustrateur de livres et de chanson.

Steinlen participa à de nombreux journaux comme sur cette couverture de La Feuille où il montre Zola à terre, lynché par les anti-dreyfusards.

Il est un des principaux illustrateurs du Mirliton, journal du Chat Noir d'Aristide Bruant.

les deux salles suivantes n'en font qu'une pour l'homme engagé.

Dans la première ses engagements politiques, sa révolte contre les injustices, sa fraternité avec la Commune. 

                                                   La Commune                                     

                                   Le cri des opprimés. La Libératrice.

     Dans ce tableau inspiré par la Liberté guidant le peuple de Delacroix, Steinlen représente le Révolution qui avec son flambeau désigne la forteresse à abattre. Cette forteresse évoque sans doute le Sacré-Cœur que Steinlen représente dans son  "Apothéose" submergé par les chats!

On devine la statue du Veau d'or, symbole des pouvoirs de l'argent. Autour de la Libératrice, les mains dont les chaînes sont brisées se lèvent comme autant de cris. 

 

 

 

Steinlen n'adhère à aucune chapelle, à aucun parti, mais il est de toutes les luttes qu'il estime justes et de tous les combats pour le peuple opprimé.

Il aime représenter ce peuple de travailleurs dont il se sent proche. Il va à Courrières après la catastrophe et peint les mineurs et les trieuses de charbon, dans une palette sombre et douloureuse.

                                                          Les Charretiers

Il porte grande attention aux femmes. Celles des petits métiers....

 

                                                      La porteuse de pain

                                                         La fille du faubourg

Celles qui sont contraintes pour survivre de se prostituer et celles qui malgré un statut social plus privilégié subissent les lois de l'homme. On dirait aujourd'hui du patriarcat.

 

L'expo se poursuit à l'étage supérieur prés de l'appartement et l'atelier de Suzanne Valadon. Le Christ est bien sûr dans le camp des pauvres et des petits, devant une hiérarchie trop nourrie et  enrichie...

                                                         L'Intrus

"J'ai tenu à faire comprendre d'un coup d'œil la discordance absolue qui existe entre l'Eglise actuelle et l'évangélisme initial."

                                                                L'Apôtre

Bien sûr il est horrifié par la Grande Guerre. Il se rend dans les tranchées et dessine sans répit pour témoigner... Il montre également la conséquence du carnage sur les plus humbles, contraints à l'exode là où leurs villages ont été détruits.

 

                                                               L'exode

                                                             La Gloire

Un couloir étroit et sans recul expose quelques dessins et rares toiles de nu. Outre qu'il est très malcommode de les regarder, j'avoue qu'ils ne m'ont pas emballé.

La dernière salle est consacrée à Masseïda, gouvernante d'origine Bambara que Steinlen engagea en 1910 après la mort de sa femme.

                                                                     Détente

Il prend plaisir à s'inspirer de Manet ou de Gauguin mais les portraits qu'il peint ou qu'il dessine de Masseïda montrent combien il la respectait. Il lui léguera d'ailleurs de nombreuses toiles.

 

C'est avec Masseïda que se termine l'exposition qui réussit à donner l'envie de mieux connaître Steinlen dans sa force, sa diversité et sa sensibilité.

Mais je choisis pour finir cet aperçu de ma visite un tableau qui est accroché devant "l'Intrus". Il s'agit de "la famille" on pourrait presque dire "La Sainte Famille" tant il s'inspire de la Renaissance. Ici le père n'est pas charpentier mais mineur de fond (le pic à son côté) et l'enfant n'est pas blotti contre ses parents mais il se dirige vers les autres, vers l'avenir. Allégorie de la confiance que voulait avoir Steinlen dans un monde meilleur et plus juste.

    Que peindrait-il aujourd'hui?

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog