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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE



Un des plus beaux souvenirs qu'on puisse rapporter d'Asie est sans doute celui d'une errance entre ciel et eaux dans un paysage d'estampes. Le pays des grottes de Tam Coc que les occidentaux ont pris l'habitude d'appeler la baie d'Along terrestre vous ouvre un autre monde qui hésite  entre rêve et réalité. 



La brume, le contour indistinct des pitons rocheux, l'eau et la terre... Très vite vous ne savez plus où vous êtes... Vous croisez des buffles, des singes, des oiseaux qui jouent les créatures fantastiques, comme ce trio qui semble naviguer sur un radeau d'herbes.
Le nom touristique de cette région lui vient de sa ressemblance avec le site inouï de la baie D'along maritime aux innombrables pitons calcaires couverts de végétation et aux rochers étranges en forme de dragons. Le nom vietnamien évoque les grottes sacrées dont certaines ont été transformées pendant les années de résistance aux Français et aux Américains en hôpitaux, en prisons pour les ennemis capturés ou en caches.




Les barques glissent sans un bruit; elles sont le seul moyen de transport possible et elles ajoutent par leur lenteur et leur silence à l'atmosphère irréelle. Les rameurs n'utilisent pas leurs mains mais leurs pieds, ce qui leur permet de nous saluer tout en nous souriant.




Et le sourire au Vietnam n'est pas mesuré chichement comme chez nous... C'est ce qui frappe tout voyageur : la gentillesse et le sourire. On pourrait penser qu'après des années d'occupation, de tortures, de massacres, de napalm, les Vietnamiens auraient gardé un fort ressentiment envers l'Occident comme le font tant de peuples dans des pays pourtant moins exploités et détruits que celui là...Mais il n'en est rien. Ce sont des vainqueurs modestes qui ne vous tiennent en rien rigueur de ce qu'ont pu commettre nos armées égarées.




Rivières, rizières...séparées par de légers talus...et toujours ces barques à fond plat...Le temps s'arrête peut-être près de Ninh Binh et de la grotte de jade et ses pagodes miniatures. Vous apercevrez quelques maisons de pêcheurs contre les falaises abruptes et parfois une modeste église. On est surpris en effet du nombre de chapelles et d'églises dans ce pays incertain. A quelques kilomètres de là, à Phat Diem, vous pourrez même visiter une cathédrale étonnante avec son plafond en forme de coque de navire renversé et son mélange baroque mêlant les cultures et les époques.




J'ai cru reconnaître Delanoé et son velib venu convaincre les paysans de l'intérêt de la chose. Aux dernières nouvelles, il n'a pas vraiment convaincu et Decaux s'est vu refuser l'utilisation des falaises comme supports à la pub.










Aujourd'hui le ciel de Paris est aussi gris que celui de Ninh Binh et les rochers de Montmartre ont un air très approximatif de pitons vietnamiens. L'envie me prend de retourner au Vietnam, dans cette région précise où tout est imprécis, dans cet univers de gris et de vert où les femmes glissent sur les eaux et vous sourient avant de disparaître.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités


Poulbot fait partie de Montmartre comme le moulin de la Galette ou la place du Tertre. Il est devenu lui-même carte postale et les touristes achètent de mièvres imitations de ses gamins insolents ou tragiques. Il mérite beaucoup mieux que cette notoriété de chromo. Gosse de Saint-Denis, il est venu très jeune avec ses parents instituteurs occuper une de ces baraques du maquis de Montmartre où vivaient  de nombreuses familles incapables de payer les loyers d'un quartier qui commençait à changer, comme le regrette Bruant :

                     Des maisons d'six étages
                     ascenseur et chauffage
                     ont r'couvert les anciens talus....

Ce n'est que plus tard, lorsqu'il rencontrera le succès que Poulbot passera, immobilièrement parlant, du côté des bourgeois. Il achète un hôtel particulier avenue Junot, l'endroit le plus coté de la butte où habitent de nombreux artistes devenus fortunés.  Il décore de frises la façade. On y voit des enfants des rues, ces gosses de montmartre que l'on commence alors à appeler des "poulbots".
            Bruant consacra à ces gosses des rues, ces p'tits loups, une chanson que Poulbot ne pouvait manquer d'illuster : "Les loupiots"



















                                                                            Les Loupiots

             C'est les petits des grandes villes
               Les petits aux culs mal lavés
               Contingents des guerres civiles
               Qui poussent entre les pavés














                 Sans gâteaux, sans joujoux, sans fringues,
                 Et quelquefois sans pantalons,
                 Ils vont, dans de vieilles redingues
                 Qui leur tombent sur les talons.

                 Ils traînent dans des philosophes,
                 leurs petits pieds endoloris,
                 Serrés dans de vagues étoffes...
                 Chaussettes russes de Paris!











                   Ils se réchauffent dans les bouges
                   Noircis par des quinquets fumeux,
                   Avec des bandits et des gouges
                   Qui furent des loupiots comme eux.















                     Ils naissent au fond des impasses,
                     Et dorment dans des lits communs
                     Où les daronnes font des passes
                     Avec les autres et les uns...

                     Mais ces chérubins faméliques,
                     Qui vivent avec ces damnés,
                     Ont de longs regards angéliques,
                     Dans leurs grands châsses étonnés.















                      Et quand ils meurent dans ces fanges,
                      Ils vont, tout droit, au paradis,
                      Car ces petits-là sont les anges
                      Des ruelles et des taudis.

                     C'est les petits des grandes villes,
                     Les petits aux culs mal lavés,
                     Contingents des guerres civiles
                     Qui poussent entre les pavés.




Lien : Steinlen une chanson de Bruant. A Montmerte.

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

 






Un très bel article sur Poulbot : http://www.dixhuitinfo.com/spip.php?article161



...

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités


















    Il existe à Montmartre un lieu secret où je ne peux pénétrer que lorsque Nicole est allée travailler dans son château de livres. C'est une salle de bains, si féminine que tout individu qui a la malchance d'être né mâle, ne s'y aventure que sur la pointe des pieds.


















  La chatte Titiche y a élu domicile ce qui n'est pas étonnant car ces deux femelles là se ressemblent, aussi jolies, aussi coquettes, aussi mystérieuses. Titiche dort sur une couverture Shahsavan iranienne et contre un coussin brodé en 1900 par une libanaise qui en fils d'or y a brodé : En ces vallons fleuris, attendons nos amis. Comme dans ces vignettes de notre enfance, un trésor est caché sur la photo. Un petit cadre doré où Nicole et sa mère sur une barque se tiennent embrassées. Derrière elles la ligne de fuite d'un canal, fuite de l'eau, fuite du temps. La barque continue de glisser mais il y manque un passager.














Aujourd'hui, jour de juin, il fait gris sur Paris et le soleil qui d'habitude aime jouer les voyeurs s'en trouve empêché. Il ne caresse pas les visages approximatifs et étonnés des peintures qui veillent sur une collection unique au monde de bracelets de plastique et de colliers.
















  Les bracelets ont presque tous été achetés à Maduraï, cette ville temple de l'Inde où se mêlent quotidien et sacré, où l'on fait son marché à côté de femmes qui dessinent sur le sol des arabesques de poudre colorée, où l'on se promène bras dessus bras dessous à côté des prêtres qui emmènent Shiva vers sa chambre nocturne et tirent les rideaux afin de préserver l'intimité du dieu. Les femmes en sari sont si belles que pour garder un souvenir de leur parure, Nicole a dévalisé un petit marchand et rapporté à Paris cet arc en ciel de Maduraï.















  De part et d'autre les poissons naviguent dans le ciel. Le poisson qui est signe de vie et de bonheur est aussi le signe astrologique de Nicole. Il lui correspond bien. Parfois même, les pieds et les mains de Nicole sont si froids que lorsqu'elle les colle contre moi pour les réchauffer, je trouve que son signe est un peu trop envahissant. Je devrais au contraire m'en réjouir... mais nobody is perfect.













  Attention parfums. Il y en a partout, de Shalimar à Angel en passant par Jungle qui depuis quelque temps est devenu le grand favori. Tout poisson qu'elle est, Nini aime les éléphants et n'a pas oublié Delly, jeune femelle de Sumatra qui l'a promenée entre rizières et volcans sous une pluie tropicale à dissoudre un Sacré Coeur. Vous remarquerez dans ce troupeau un flacon encore plein. C'est que Nini a du nez et a détecté une imitation dans ce flacon que j'ai acheté sur ebay. N'achetez pas vos parfums sur ebay, c'est un conseil d'amis....

















Ceux là sont vrais mais minuscules. Ils devenaient si envahissants qu'un beau jour, la collection s'est arrêtée. Ils ont un défaut majeur, c'est qu'ils attirent la poussière. Et voilà pourquoi je n'ai pas besoin de clé secrète pour entrer dans le sanctuaire. Je viens en macho accompi épousseter les dizaines de miniatures car je vous fais une confidence, c'est une pratique qui n'entre pas dans les moeurs de Nini.













    Ah non ! Encore des miniatures !

















    C'est pas vrai ! là aussi !! Mais cette fois, ce sont de bons gros flacons!

 

 

 

 

 

 

     Voilà qui amuse cette famille de canetons qui me surveillent. Ils ne barbotent pas dans la baignoire; Nicole a beau être petite, elle n'est plus un bébé pataugeur. En fait ils ont à l'oeil les coffrets mystérieux, les tiroirs secrets, les petits meubles à bijoux, les coffres chinois où Nicole enfouit de minuscules trésors et de précieux souvenirs. L'Île aux trésors, c'est ici, mais aucun pirate n'y aura accès.

















    Chaque collier a une histoire, Ils parlent d'un jour d'été, retour de plage ou d'un anniversaire. L'un évoque Venise la Rouge (pas un bateau ne bouge) ou Madras, l'autre est venu du Liban avec ses breloques d'argent. Les plus beaux sont des soleils indiens.

















Pas de salle de bains sans baignoire. Celle ci a les formes qui conviennent. Elle imite la fleur de lotus  (avec un peu d'imagination) mais je n'y ai jamais vu Nini s'y prélasser. C'est un spectacle strictement interdit. Je ne vous dis pas ma frustration. Il n'y a même pas de trou de serrure... Seuls les pigeons de Montmartre peuvent jouir de ce privilège.
  Remarquez au premier plan un vélo d'appartement qui permet à Nicole d'accrocher ses sacs et ses écharpes.














   Et maintenant je quitte comme j'y suis entré, sur la pointe des pieds cet univers troublant.
    Les mots qui entourent ce tableau me reviennent en mémoire :
 C'est la nuit ou le jour, c'est dedans ou dehors, c'est Nicole les yeux ouverts  qui fait tourner dans un lac vert les poissons rouges de ses rêves.

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